Le 20 mars :
Arrivés la veille au soir à Bangkok, nous avions soupçonné une surprenante
découverte… De jour, elle se confirme.
Hervé et moi étions venus (séparément) en Thaïlande il y a une vingtaine
d’années (déjà !!). Les images qu’il nous restait de Bangkok ne sont plus
celles d’aujourd’hui.
De nombreux buildings sont sortis de terre, et aussi des bretelles
d’autoroute, un métro (sous terre), un monorail (aérien)… Les bidon-villes ont
presque disparus. Des pâtés de
maisons entiers (les plus insalubres) sont en reconstruction. Bref, nous sommes
bluffés par ces énormes changements.
Les touks-touks sont moins présents et amusent les touristes, tandis que
des taxis rose bonbon confortables et climatisés transportent ceux qui en ont
assez de respirer l’air pollué des autres pour un prix souvent moins cher… Mais
gare aux embouteillages, ils sont aussi épouvantables !!
Il fait chaud, très chaud : 35-36°C la journée avec une très forte
humidité. Le soir, on avoisine les 30°C avec un peu d’air.
Pour nous loger, nous avons eu la chance de trouver une petite auberge de
jeunesse toute récente à la limite de China-town, au calme de la circulation et
avec une grande chambre climatisée (indispensable en cette saison pour se
remettre d’aplomb).
La première visite que nous faisons est celle du Grand Palais. Première
approche pour les enfants avec l’architecture Thaïlandaise. Il y avait
longtemps que nous n’avions pas été éblouis par tant d’or et de miroirs !
Sous l’intense luminosité du jour, c’est éblouissant et marquant ! Même si
on n’apprécie que moyennement tout ce qui brille, il faut reconnaître
l’harmonie de l’ensemble et le travail incroyable des artistes et artisans.
Ce que nous avons le plus aimé est cette peinture murale de près de 1 km
qui tapisse les murs du cloître, retraçant des épisodes du Ramakien (le Ramayana version Thaï).
Les Thaïlandais ont bien conscience de l’importance de ce patrimoine et se
donnent les moyens de l’entretenir. Les peintures (qui ne sont pas des
fresques) sont fragiles sous ce climat et nécessitent de constantes
restaurations. Les bâtiments aussi sont tour à tour ravalés et redorés. Bref,
l’ensemble a fière allure.
Les photos du Grand Palais.
Après un repos mérité (et du cned) à l’hôtel, nous partons faire quelques
pas dans China-town. C’est une fin de journée bruyante car nous sommes sur le
chemin des manifestants pro-Thaksin (l’ex premier ministre en exil) en t-shirts rouges sur leurs scooters,
camionnettes ou pick-up, ils hurlent leurs slogans dans une joyeuse agitation.
Et pour cause : ce dernier, la plus grosse fortune du pays, donne paraît-il l’équivalent de 20
euros aux meneurs par jour pour le
soutenir. Une belle somme d’argent qui en réjouit plus d’un !
Les commerces dans cette partie-ci de chinatown ferment tôt (vers 6h) et
nous avons juste le temps de croiser quelques petits resto de rue, des
esthéticiennes offrant leur service avec pour tout matériel une chaise en
plastique, un gros pot de crème et un fil magique avec lequel elles massent
leur clientes… Nous achetons quelques fruits aux derniers vendeurs de rue et
profitons d’un super-marché genre « Champion » pour notre petit
déjeuner du lendemain.
Le 21 mars :
Les enfants ont besoin de quelques t-shirts et vêtements légers pour ce
climat. Pour ces petits achats, nous profitons du marché du week-end du parc
Chatuchak, le plus grand de Bangkok !
Que de changements en 20 ans : à l’époque, les taïlandais fabriquaient
à la pelle des t-shirts de base, des contrefaçons de Lacoste et Co…
Aujourd’hui, on trouve toujours à s’habiller très bon marché, mais le style est
plus personnel. Le marché est plein de petits créateurs qui viennent vendre
leur production en fin de semaine : des petites choses légères et très
sympa, des t-shirts avec des imprimés originaux, des chemises, des jeans (comme
partout)… Enfin, on a trouvé ce qu’il nous fallait pour pas cher.
Nous allons, sur les conseils du personnel de l’auberge de jeunesse, nous
restaurer dans un food-court tout proche. Nous sommes encore surpris : on
se croirait presque à Sydney ! Ce food-court est dans un grand centre
commercial flambant neuf et climatisé. Les étudiants de l’université, bas noir
et chemises blanches, viennent y déjeuner et potasser leurs cours. Mais le plus
incroyable est que ce grand centre commercial est en fait rempli pour moitié de
restaurants à tous les étages. Il semble que les thaïlandais soient aussi
dingue de nourriture que les français… C’est bon et bon marché.
Le 22 mars :
Journée de visites.
Le matin, nous allons voir le Wat Pho, ou temple du Bouddha couché.
Construit au XVIème siècle, il abrite la plus grande statue de Bouddha dans
cette position (46 mètres de long). Entièrement doré à la feuille, ce Bouddha
attend l’heure de sa mort ou le nirvana.
Ses pieds sont recouverts d’incrustations de nacre illustrant les 108
signes de bonne augure qu’il
portait selon la tradition à sa naissance. Tout le long du mur, une centaine de
bols en bronze reçoivent les pièces de monnaie que les pèlerins dépose une à
une, pour le plaisir ne nos oreilles. On joue les pèlerins aussi !
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Le Wat Pho était aussi un lieu d’enseignement pour toutes les couches
sociales. L’enseignement de l’art du massage y est toujours pratiqué, et pour
quelques Bahts, on peut prêter nos pieds aux élèves pour qu’ils se fassent la
main.
Les photos du Wat Pho.
Nous allons ensuite à la ferme des serpents, anciennement connue sous le
nom « d’Institut Pasteur ». Créé en 1923 dans le but d’élever des
serpents dangereux pour en extraire le venin et en faire des antidotes, ce
centre adossé à un hôpital a lui aussi bien changé depuis 20 ans. A l’époque,
on faisait des démonstrations « show s» de la récolte de venins, dans
une arène où l’homme et le serpent s’affrontaient. Aujourd’hui, c’est un zoo de
serpents, tout ce qu’il y a de plus moderne, montrant de nombreuses espèces
locales, mais aussi étrangères, dangereuses ou pas. On assiste aussi au
prélèvement du venin, mais sur un ton de laboratoire aseptisé, une vitre entre
le personnel et les spectateurs pour plus de sécurité. Nous avons droit à tout
ce qu’il faut d’explications sur la façon d’attraper le serpent par la tête, de
lui faire mordre le récipient et de presser le venin. Tout ça semble assez
simple… mais reste toujours très dangereux !
Les photos de la Snake farm.
L’après-midi, nous nous rendons à la maison de Jim Thompson, heureusement
toujours debout. C’est une petite merveille, un rayon de soleil d’antan ayant
gardé son jardin tropical dans cette ville en pleine mutation. Pour nous y
rendre, nous longeons le klong Saen Saep où subsistent encore quelques
bicoques bringuebalantes au milieu de nombreux buildings. Nous arrivons dans ce
lieu comme dans un petit paradis. Cet américain architecte de formation , tomba
amoureux de la Thaïlande lors d’une mission pendant son service militaire à la
fin de la seconde guerre mondiale. Il revint pour s’y installer en 1946 et se
passionna pour la soie thaïlandaise, qu’il tenta avec succès de faire revivre.
Notoriété et fortune faite, il fit construire cette maison en 1959 alors située
à proximité de ses ateliers. Pour cela, il se servit de 6 maisons en teck
traditionnelles qu’il remonta pour en faire une spacieuse demeure et deux
annexes et y exposer sa collection d’œuvres d’art. Le tout, au milieu d’une
jungle verdoyante. Disparu dans des circonstances étranges, sans laisser aucune
trace, la maison et la collection de Jim Thompson sont aujourd’hui ouverte au
public, et le lieu vaut le coup d’oeil.
Les photos de la maison de Jim Thompson.
Le 23 mars :
Journée studieuse…
Encore un challenge à mener au niveau du CNED pour Alice. Et une 2035 à
commencer pour moi… Nous restons enfermés à l’auberge jusqu’à bouclage de
l’objectif.
Il nous reste heureusement un peu de temps pour aller en fin de journée,
lire quelques guides de voyage ou BD à l’alliance française.
Le 24 mars :
Nous visitons le matin le Musée National, avec un guide en français pour
mieux comprendre. Adrien apprécie : enfin on lui raconte avec de belles
images à l’appuis la vie incroyable de Bouddha !
Nous prenons conscience du mélange des croyances hindouistes et bouddhistes
en Thaïlande. En schématisant, la population est bouddhiste, et le roi est
bouddhiste ET hindouiste. C’est pourquoi tout l’art de cours fait référence
aussi bien à Bouddha et son histoire, qu’aux multiples divinités hindouistes et
au Ramayana.
Le bâtiment abritant les chars funéraires royaux est très impressionnant.
Mais notre guide préfère visiblement la sculpture. Nous finirons sans lui
la visite des arts pourtant aussi typiques que les textiles, les jeux et marionnettes
(superbes articulations, superbes vêtements) et les instruments de musique… Les photos sont interdites...
On a bien transpiré toute la matinée : le musée est TRES mal climatisé
et nous sommes cuits, bouillis.
Pour nous remettre, nous décidons de faire découvrir aux enfants un peu du
grand art culinaire thaïlandais. Nous partons manger dans le célèbre restaurant
le « Blue elephant ». C’est la première fois que nous les invitons
dans un restaurant de ce standing, ça les épatent après touts les petits
restos, bouibouis et gargotes de rue qui ont parsemé notre voyage. Cette
découverte est un succès général. On en a pris plein les yeux, plein le nez et
les papilles. A l’unanimité, la gastronomie thaïlandaise est une des meilleures
au monde (avec la française bien sûr), même si elle est parfois un peu trop
épicée pour Adrien !
Pour vous, pour le plaisir des yeux... seulement.
Nous sortons en roulant du restaurant et prenons le métro aérien (tout
aussi moderne que le sous-terrain) pour passer encore quelques heures à
l’alliance française… Les enfants ont besoin de lire !
Les photos de Bangkok.
Demain, départ pour Ayutthaya.