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Par Adama.
Il n’y a pas de proportions, il faut doser au pif. Ici, on voit les choses en grand, pour toute la famille…
Ingrédients :
- de la viande de mouton
- des oignons,
- des tomates,
- du concentré de tomates,
- des légumes pour agrémenter (ce que l’on a) par ex. : carottes, choux, poivron, potiron, céleris, navet,…
- des gombos frais ou en poudre,
- du fonio (céréale minuscule africaine)
- Huile,
- Sel, poivre, ail.
Emincer les oignons, l’ail, les tomates et les faire revenir dans l’huile avec le mouton et le concentré de tomates. Lorsque la viande est saisie, ajouter de l’eau et les légumes coupés en morceaux ainsi que le sel et le poivre. Mijoter doucement le temps nécessaire pour que viande et légumes soient cuits.
Le fonio se prépare comme le couscous, à la vapeur. Il faut cependant le laver avant pour ôter autant que possible les éventuels grains de sable (pas facile !!) : "le fonio est une céréale très coquette, qui demande beaucoup d'eau pour sa toilette ". Au dernier bain de vapeur, mettre dans le fond les gombos émincés ou en poudre et faire cuire encore un peu. Le tout se mange comme le couscous.
Et en plus, les photos...
Je ne peux pas passer deux mois à Bamako dans l’atelier d’Aboubakar Fofana sans vous conter un peu de ce bleu mystérieux !
Pour ceux qui ne
connaissent pas, l’indigo est une molécule extraite de certains végétaux. Il
existe plusieurs plantes contenant cette molécule, selon les régions et les
climats : par exemple, en France, on avait le Pastel, ici, c’est
l’indigofera arecta… L’indigo est l’unique source de bleu végétal. Les plantes
indigofères ont leurs feuilles vertes, comme toutes les autres… et pourtant
recèlent ce bleu. Il faut un grand savoir-faire pour en extraire la molécule,
que ce soit sous la forme solide (pigment), ou bien liquide et réduite
(colorant pour teinture). Vous vous en doutez, c’est bien pour cette dernière
que je suis là.
La technique de
teinture traditionnelle à l’indigo naturel a été perdue au profit des colorants
de synthèse, bien plus faciles à utiliser. Mais lorsque l’on se passionne pour
les teintures naturelles, et que l’on aime le bleu, forcément, on en vient à
aimer la difficulté ! Certains ont mis des années à redécouvrir ces
techniques… Et ils sont encore bien peu nombreux à la pratiquer sur cette
planète. Ce sont des passionnés, des irréductibles. Et je suis chez l’un de
ceux là, à Bamako.
Bon, alors,
comment ça fonctionne ? Pourquoi tant de mystères ?
Avec l’indigo, pas
de décoction de plante possible pour en extraire le bleu. Le procédé relève du
tour de main d’un alchimiste. L’indigo pigment est insoluble dans l’eau. On
peut s’en servir pour peindre, mais jamais cette molécule ne pourra s’insérer
et s’accrocher aux fibres textiles telle quelle. Il faut pour cela
« réduire » la molécule dans un milieu alcalin et anaérobie. C’est
bien là la difficulté : trouver le bon équilibre pour permettre la
solubilisation de l’indigo. Avec des produits chimiques (hydrosulfite et soude
caustique), on y arrive en un tour de main. Mais là, ce n’est plus vraiment
naturel ! Non, le procédé traditionnel et totalement naturel, c’est la
fermentation combinée à l’ajout de chaux. La fermentation permet à certaines
petites bactéries de se développer, et ce sont elles qui ôtent l’oxygène de
l’eau pour obtenir un milieu anaérobie. La chaux est un alcali naturel. Des
variantes existent bien sûr. Il faut en gros 7 à 10 jours pour monter une cuve
d’indigo, selon le climat (la température est aussi importante).
Une cuve prête se
présente en résumé comme du compost fermenté dans un liquide jaune verdâtre
avec à la surface une mousse bleue irisée… Et que dire de l’odeur ? … Ce
n’est pas le dernier Chanel… Ce n’est pas non plus le fumier de cochon !
ça pique un peu le nez, c’est insupportable pour certains…
Vient ensuite le
côté magique : ce liquide jaune verdâtre dans lequel on plonge les étoffes
pour les en imbiber, prend doucement une couleur bleue lorsque, une fois sorti
de cuve, le textile entre en contact avec l’oxygène : c’est le
déverdissage. A ce moment, l’indigo est emprisonné dans les fibres sous sa
forme insoluble. Il est particulièrement solide et est classé « grand
teint ».
Une même cuve peut
donner des tons de bleus clairs, aux bleus les plus foncés, presque noirs. Ce
sont des trempages successifs entrecoupés d’oxygénation du textile qui font
monter l’intensité du bleu. Une jeune cuve donne des bleus bien vifs dès le
premier trempage, alors qu’une vieille cuve donnera les bleus les plus clairs,
les plus subtils. Pour ceux qui aiment la difficulté, vouloir des bleus très
clairs est le summum. Ici, une cuve de 14 mois, la doyenne du groupe, donne de
ces bleus les plus légers… Il a fallu la patience de tout ce temps pour les
obtenir !
Et oui, une cuve,
c’est comme un être vivant, il faut s’en occuper : lui donner à teindre,
même un peu, régulièrement ou elle meurt frustrée ; la nourrir quand elle
a bien servi, ou elle meurt d’épuisement ; l’oxygéner, un peu mais
vigoureusement, une fois par jour, ou elle meurt d’asphyxie. C’est tout un art,
tout un équilibre à maintenir, le plus longtemps possible. Une cuve peut durer
jusqu’à 9 mois. Les garder plus est un cadeau (pour le bleu qu’elles donnent),
un exploit !
Ici, le bleu se
travaille sur des matières traditionnelles :
- Les bandes de
coton étroites appelées finimougou
(coton malien, filé main, tissé main), assemblées à la main, teints en unis ou
bien avec réserves.
- Le bazin ou
coton damassé (tissé en Allemagne ou en Chine pour le marché Africain), dans
lequel on fait les boubous.
Ou des matières
nobles et sobres : telles le lin, la soie, la fibre d’ananas,…
Toujours des
fibres naturelles.
Les nuances de
bleus ont toutes un nom en bambara, ils sont difficilement traduisibles. Du
plus clair au plus foncé :
- Baga fu
-
Baga nônô
kènè
-
Baga kènè
-
Bagad djè
-
Baga fin
-
Bagad dun
-
Baga kalé
-
Baga
djalan
-
Lomassa
Par ici, un album
photos pour un aperçu en images de l’activité (il sera mis à jour petit à petit
au fil du travail et du bon fonctionnement des connections internet) :
Et pour finir, un
conte africain (Ghana) sur
l’histoire de l’utilisation de l’indigo :
Jadis, le ciel épousait étroitement la terre et
nourrissait les hommes. Chacun pouvait attraper un petit morceau de nuage pour
le consommer. Cette nourriture céleste emplissait le cœur et donnait à la
personne l’ayant absorbée la facultée de flotter et de rêver, de retrouver la
paix et la gaité du temps où le dieu suprême vivat avec les humains. Mais
s’approvisionner en nuage était une tâche ardue, puisqu’il fallait être pur de
pensée et d’esprit, et veiller à ne pas s’enivrer de ciel. C’est ce qui arriva
à Asi, qui désira le bleu égoïstement. Un jour qu’elle regardait le ciel en
compagnie de sa fille, ses yeux s’affamèrent de bleu. Elle considéra le linge
enveloppant son enfant, et sa blancheur lui apparut comme dépourvue de vie.
« Si je mangeait un peu de ciel, peut-être que sa couleur bleue imbiberait
ma peau jusqu’au tréfond… » Elle dévora un grand morceau de ciel, et
s’évanouit. Lorsqu’elle se réveilla de son ivresse, sa fille était morte et,
sur le lange, une tâche bleue s’étandait à l’endroit que l’enfant avait
mouillé. Asi se couvrit le visage et les cheveux de cendres. Alors, les esprits
de l’eau lui parlèrent : « Cette tâche est de l’indigo et vient des
feuilles que tu as rassemblées pour coucher ton enfant. Pour que le bleu
survienne, il fallait l’urine de ta fille et les cendres que tu as renversées
sur ton corps. Maintenant l’indigo sacré colorera la terre, mais seules les
mères pourront le faire naître ». Asi retourna au village, enseigna l’art
de la teinture, et l’esprit de sa fille s’incarna peu après dans un nouvel
enfant. L’indigo descendu du ciel, celui-ci se sépara de la terre et, plus
jamais les humains ne furent tentés d’en dévorer les morceaux. Depuis, la
couleur bleue est associée à l’amour et à la tendresse féminine.
Du 14 au 20
novembre :
On prend
possession de la maison… Quartier Hippodrome, premier grand goudron à gauche
depuis la route du Bla Bla, à mi-chemin entre le lycée Liberté et l’atelier
d’Aboubakar. Nous avons un énorme espace, vide, à la déco kitch à souhait et un
peu délabrée, la clim et des ventilateurs au plafond. En quelques jours nous
nous installons de façon minimaliste : une table, 4 chaises, 4 fauteuils,
matelas au sol. quelques assiettes et couverts… deux fourneaux, un frigo… Mba
nous aide dans les tâches ménagères, et le gardien est toujours prêt à rendre
service.
C’est aussi la semaine où le travail se met en place à l’atelier, en commençant par le montage de 4 nouvelles cuves d’indigo. C’est promis, vous aurez un bel album photos sur le sujet lorsque la connection internet le permettra (peut-être quand nous serons dans un autre pays… ?).
Et l’humeur des
troupes ?
S’accoutumer à
l’Afrique n’est pas aisé pour tous…
Hervé serait sur
la lune, que ce ne serait pas très différent. Seulement ici, nous n’avons pas
les scaphandres et peut-être la lune serait même plus facile… Allons, allons,
tout ça va tout de même de mieux en mieux !
Alice découvre par
le collège encore un autre monde… et croule sous le boulot. On cottoie tous les
milieux, on se rend compte de toutes les injustices de ce monde, de l’arrogance
des plus riches qui ne sont pas forcément les plus méritants…
Pour Adrien, RAS,
il ne pense qu’à retrouver son copain Check. Ils forment une bonne paire de
pirates à eux deux…
Et moi ? A
force de parcourir cette terre, je me sens un peu Africaine aussi. Mes deux
années de « Mme Dakar » me reviennent en mémoire, forcément. C’est
plus facile. Quel exercice que de basculer ainsi dans un autre monde et de
perdre tous ses repères d’occidentaux, et en famille cette fois !
Les cuves
d’Aboubakar me réjouissent. Malgré les odeurs, malgré la chaleur, les
moustiques et le peu de moyens, ce bleu est magique, poétique, fascinant… et je
peux enfin me bleuir les mains sans soucis !
Et l’ambiance de
la ville ?
Nous sommes à
l’approche de la Tabaski (commémoration du sacrifice d’Abraham), la fête du
mouton : le 28 sera le jour où on lui fera « sa fête »… Les
moutons envahissent la ville. Sur la route de Koulikouro, on peut voir des
troupeaux en attente d’être vendu. Ce ne sont pas des moutons à laine, les
pauvres, ils auraient bien trop chaud ! Non, ces moutons sont adaptés au
climat, ils ont le poil court, un gros museau, des longues oreilles qui pendent
et des cornes spiralées. Ils sont parfois bicolores. Ils ne sont pas très
beaux, mais ont l’air très fier, sauf lorsqu’ils prennent la route, attachés
sur une mobylette, couchés, les jambes autour de la taille du conducteur.
Bêêêê, bêêêê…..
Ici, chaque chef
de famille se doit d’acheter le sien, et de le sacrifier le jour J. Ceux qui ne
le font pas passent pour des moins que rien. Alors il faut trimer dur, racler
le moindre FCFA qui permettra de passer « honorablement » la fête -
les plus pauvres, les « moins que rien » n’offriront à leur famille
qu’un poulet… Et puis, en plus du mouton, il faut revêtir ce jour là son plus
beau boubou. Le marché central, ou marché rose, déjà un vrai et vaste
labyrinthe, ne désemplit pas. Les commerçants travaillent jour et nuit pour
pouvoir s’acheter le mouton (la corruption aussi s’accentue à tous les niveaux,
tous les moyens sont bons). Les vendeuses de basins (coton damassé dans lequel
on confectionne les boubous) ont plus que jamais un choix incroyable de
couleurs, de motifs, exemplaires uniques surtout ! Et bien sûr les tailleurs
croulent sous les commandes (c’est une période à éviter pour qui veut un
travail soigné de couture !). Bref, il faut être un peu dingue pour
s’aventurer au marché rose en ce moment, c’est l’agitation totale :
bouchons humains dans les passages étroits, bouchons de moutons, bouchons de
charrettes… On en sort vidés.
Le dimanche à
Bamako, c’est le jour des mariages…
C’est bien vrai, il ne se passe pas un dimanche sans une fête de mariage dans ces grandes familles, nous avons testés ce dimanche : les boubous les plus beaux, les femmes d’un côté, les hommes de l’autre, et les griots qui chantent les louanges des personnes qui leur donne un billet… Enfin, on comprend rien, mais ça a l’air amusant pour un moment…
Pas grand chose
d’autre à dire… Trop de boulot (le CNED et le bleu) pour découvrir le
pays ! On vous en dira plus aux vacances de Noël.
En attendant, on
vous envoie chaleur et soleil, pour ceux qui en manquent ! … Enfin,
ici la saison « froide »
commence et les locaux sortent les pulls et doudounes !!!
Le 10
novembre :
Voilà, nous
touchons le sol africain.
Il nous faut
quitter toutes nos références occidentales : nous arrivons dans un autre
monde, dans le plus grand pays d’Afrique de l’Ouest, le Mali et sa capitale
Bamako.
Nous allons y
rester deux mois, le temps de se plonger dans les mystères de l’indigo et les
cuves d’Aboubakar, de se mettre un temps au rythme africain, de voir aussi du
pays (on se réserve les vacances de Noël pour vadrouiller).
Nous sommes
accueillis avec toute l’hospitalité de ce pays par Aboubakar et sa famille.
C’est une joie de se retrouver !
Les 11, 12, 13
novembre :
Nous nous
plongeons dans la chaleur et le rythme africain, tout en lenteur. Le temps a
ici une autre dimension : celle de l’éternité. Tout se pense, se fait, en
son temps. Pas d’impatience surtout. Le climat ne le permet pas ! Alors,
ne vous étonnez pas si les nouvelles par le blog mettent un peu de temps à
arriver : c’est que nous nous sommes accoutumés. Patience… Et puis, le
wi-fi n’est pas aussi commun qu’en Amérique du Sud, et les connections ne sont
pas toujours très bonnes !
Nous nous posons
la question de louer un logement pour le temps de notre séjour… oui, non,
peut-être, où, combien ??? Palabres et négociations… attente…
Nous effectuons
quelques démarches au Lycée français Liberté, pour inscrire Alice qui le
réclame. Sa demande est acceptée. Mais tout ça va lui demander beaucoup de
travail : le CNED, le lycée, la musique… avec des journées qui commencent
à 7h20 du matin ! On lui souhaite plein de courage !
Etrange :
Adrien, lui, n’est pas demandeur… La surcharge des classes en primaire et aussi
le coût le sauve d’une double scolarité durant cette période !
Nous découvrons
aussi la ville. Ce n’est pas Dakar, mais je me retrouve : les mêmes
trottoirs défoncés (lorsqu’ils existent), les mêmes boutiques, les mêmes
gargottes… Les rues sans nom ni numéro. Il faut apprendre à se repérer pour
retrouver son chemin et penser que la nuit tombe tôt, et que la nuit, tout se
ressemble !
Le marché (on
adore les marchés !)… Ici, ils sont plus bordéliques qu’ailleurs. On se
perd dans ses dédales, on se prend les pieds dans les pierres et les détritus.
Il faut avoir l’oeil ! L’oeil pour regarder où l’on met ses pieds, l’œil
pour s’orienter, l’œil pour repérer la marchandise et l’évaluer… le cœur bien
accroché pour surmonter les odeurs inhabituelles pour nos petites narines de
français… et puis aussi quelques notions de bambara pour négocier (ça, c’est
pas gagné !!). Un choc pour les néophytes de l’Afrique !
Et puis, il y a
les rapports humains… Ici, la politesse veut que l’on passe du temps à se dire
bonjour. Hervé apprend la formule : « ça va bien ? Et la santé,
ça va ? Et la famille ça va ?... » ça, c’est le minimum, mais on
peut continuer un certain temps avant d’enfin entamer la conversation ou bien
demander ce que l’on veut au commerçant. Gens pressés, s’abstenir !
Sourire de mise, c’est gagné !
Enfin un pays où
on ne nous dit pas : « attention à ces gens-ci, attention à ce
quartier là,… ». Non, la préoccupation ici, l’ennemi numéro un, n’est pas
l’humain, c’est le moustique ! Et plus particulièrement le moustique de
nuit, celui qui transmet le paludisme. Nous sommes sous Malarone (une petite
fortune achetée en France), tout ça pour apprendre que premièrement, on peut
très bien l’acheter ici et pour beaucoup moins cher (amis voyageurs, notez
ceci !), et que deuxièmement, tous les anti-palu ne préservent en aucun
cas de la maladie… Ils atténuent les symptômes ou les masquent. En fait, on se
demande pourquoi on en prend… la meilleur protection étant la prévention :
manches longues, antimoustiques et moustiquaires la nuit.
Question culinaire, nous sommes gâtés : Adama est une fine cuisinière et nous goûtons de succulents plats mijotés qui reçoivent sans cesse les éloges d’Adrien… Promis, bientôt des recettes sur le blog !
Un poème
japonais arrivé entre mes mains…
La
chose importante était de partir.
Parfois,
regarder au loin,
dans
la réalité,
C’est
la rencontre avec l’éternité qui nous est donnée.
Le
froid réchauffe les sentiments humain.
La
distance rapproche les personnes les unes des autres.
Le 29
octobre :
Nous arrivons à
Buenos Aires avec beaucoup de retard… Nous avons raté de peu notre amie, qui
désepérée s’en est retournée seule chez elle. Nous la rejoignons trois heures
plus tard que prévue à La Plata.
Enfin, on se
retrouve comme en famille !
La Plata est une ville située à une soixantaine de km de Buenos Aires. Elle fut imaginée et dessinée par l’ingénieur urbaniste Pedro Benoit dans le but d’être capitale de la province de Buenos Aires (Buenos Aires bénéficie d’un statut spécial qui fait d’elle une entité indépendante, elle est la capitale du pays mais pas la capitale de la province qui porte son nom). Le tracé de la Plata est systématique : des rues dessinent un maillage quadrangulaire, ponctué de places et d’espaces verts, reliés chacun par des diagonales. Les édifices publics sont situés en alignement depuis la place centrale à un grand espace vert. C’est la première ville construite au monde qui se voulait en accord avec les idées républicaines, en pleine révolution industrielle, un essai de représentation du positivisme et de l’utopie d’une vie sociale plus harmonieuse et une conception environnementale soutenable. C’est un modèle de planification urbaine du XIXème siècle. Sa fondation eut lieu le 19 novembre 1882.
L’après-midi, nous
partons à la découverte de cette ville. Premier lieu : la place centrale
Plaza Moreno. D’un côté le Palacio Municipal, et de l’autre la cathédrale,
surprenante !
La cathédrale de
l’Immaculée Conception de La Plata est un des plus grands édifices néogothiques
d’Amérique du Sud. Sa construction débuta en 1884, le bâtiment fut inauguré en
1932, et terminé en… 2004 !! De 1999 à cette date, les deux tours furent
finies après des travaux importants de renforcement des fondations qui, par un
mauvais calcul de départ, ne pouvaient pas soutenir le poids des tours et de
leur carillon. On peut visiter la cathédrale et monter à l’une des tours pour
observer de haut le tracé de la ville. Un petit musée accueille des expositions
temporaires et aussi une exposition permanente sur la construction de la
cathédrale.
Le 30
octobre :
Nous visitons le
Marché Artisanal et nous en prenons plein les yeux : le superbe travail
traditionnel du cuir, du métal, du textile, de la céramique, par des artisans
de la région de Buenos Aires est exposé là, mais aussi enseigné !! C’est
une vitrine pour ces artisans, mais surtout un moyen de promouvoir et divulguer
la culture de la région. (site : www.ic.gba.gov.ar).
Nous craquons pour le travail du cuir, l’art gaucho du tressage des fines
lanières en cuir de cheval !
… Bien sûr, nous
délestons un peu le porte-monnaie…
Nous partons juste
après pour une après-midi au vert à quelques km de la ville : un poulet au
feu de bois avec quelques pommes de terre, et l’on arrête un peu le temps qui
file si vite pour savourer la nature et l’amitié sans rien d’autre à
faire.
Le soir, nous
assistons à la première partie d’un concert harpe et flûte au conservatoire (on
remotive les troupes !?). Quelle surprise de voir le harpiste avec un
physique d’haltérophile ! On s’amuse en l’imaginant porter sa harpe de concert
à bout de bras avec facilité dans chacun de ses déplacements… Mais le concert
était très bien. Nous rentrons épuisés, mais contents.
Le 31 octobre :
Nous faisons une
pause le matin… Les enfants travaillent, nous déjeunons en famille.
L’après-midi, nous
partons au Musée des Sciences Naturelles qui possède quelques mammifères
fossiles et dinosaures importants, une collection de taxidermie illustrant bien
la biodiversité de ce grand pays. Mais le musée possède aussi des départements
de géologie, d’anthropologie, d’ethnographie, d’archéologie… Avec chacun un
service de recherche très actif (malgré des moyens plus que réduits). Et nous
faisons la visite avec des spécialistes, quelle chance !
Le 1er
novembre :
Après une petite
séance de travail matinal, nous partons pour la République des enfants :
une belle découverte pour tous !!
La république des
enfants a été conçue dans les années 1950 dans un but didactique, pour
apprendre à ces futurs citoyens le fonctionnement des institutions d’un pays
démocratique. Le but est de faire découvrir aux enfants leur futur rôle de
protecteur de la démocratie, qu’ils connaissent et comprennent les principales
institutions sociales, identifient les situations conflictuelles, les facteurs
intervenants et qu’ils intègrent les Droits de l’Homme.
La République des
enfants est une ville avec toutes ses infrastructures construites à l’échelle
d’un enfant de 10 ans. Elle a sa place principale, son hôtel de ville, son
église, son palais de justice, sa banque, sa police, sa caserne de pompiers,
son Musée aussi (Musée des poupées)! Le tout est regroupé autour d’une rue
commerçante. Les bâtiments sont des répliques miniatures de nos plus célèbres
édifices publics, palais et églises. Et puis, il y a le train qui mène à la
campagne et dessert plusieurs stations… N’oublions pas la grange, où les
animaux domestiques sont présents pour le plus grand bonheur des enfants !
Tout ça est bien, bien joli ! Et on comprend que Disney se soit inspiré de
ce lieu pour créer son parc d’attraction en Californie quelques années plu
tard… Nous, on préfère la République des enfants et son rôle éducatif, même si
aujourd’hui, le passage du temps se fait sentir sur l’état des bâtiments… Mais
tout ça est une question de moyens… La République des enfants continue à
fonctionner et à accueillir en semaine des groupes scolaires pour des ateliers
éducatifs divers.
Les nôtres s’y
sont bien plus !
Et Hervé s’est fait
une copine lama, très intéressée !!
C’était notre
dernière journée en Amérique du Sud ! Le soir, nous bouclons nos valises
pour être prêts à repartir le lendemain…
Mabel et sa
famille nous font un chouette dîner, suivi de la surprise du jour : un
beau gâteau au chocolat confectionné en cachette par Paula pour l’anniversaire
d’Adrien !!! Alice nous fait un concert, nous passons en revue nos photos
de voyage… un petit pincement au cœur de repartir si vite !
Le 2
novembre :
Des « au
revoir » affectueux… Nous espérons revenir : nous avons aimé
l’Argentine, et aussi notre famille d’accueil !! On part un peu déchiré à
l’aéroport. On se prépare à un long retour vers Paris (deux escales), une
semaine de nouvelle organisation pour notre prochaine étape : le Mali !
Les photos de La Plata ici.
Le 25
octobre :
Nous partons pour
la Quebrada Humahuaca, vallée située au nord de Salta et longue de 155 km
longeant le Rio Grande.
Nous prenons un
bus pour San Salvadore de Jujuy, puis un autre pour Purmamarca…. Nous voilà à 2
100 mètres d’altitude.
Nous nous posons à
l’hôtel et allons déambuler dans ses ruelles de terre. Le vent se lève, la
poussière vole. Tout est sec, la végétation aussi : ronces, cactus… seule
une ligne de verdure suit le cours du Rio : quelques cultures et des
arbres tout en longueur comme des peupliers (alamo).
Les maisons sont
toutes en briques de terre crues. De nombreux chantiers de construction sont en
cours pour faire face à l’essor du tourisme. Mais ces nouvelles constructions
gardent le style et les matériaux traditionnels. On aime.
Dans le village,
une multitude de petits marchands d’artisanat entourent la place, et des
boutiques plus chics sont présentes un peu partout où l’artisanat est de bonne
qualité. Il y a dans la région des artisans créatifs. Ce que l’on n’a pas vu
ailleurs, c’est le travail du « bois » de cactus. Ces gros cactus qui
poussent un peu partout sont des espèces protégées et grandissent d’un cm par
an. Ils sont de vraies éponges, et lorsqu’ils meurent se dessèchent et
durcissent donnant un bois alvéolé. On a alors le droit de le récolter. On en
fait des poutres de maison, des abat-jour, des plateaux, … Et allié au bois,
des meubles très sympas…
Le soir, nous
dînons de quelques spécialités en musique, le temps de rencontrer une française
courageuse partie seule à vélo depuis l’Equateur et avec destination finale,
Ushuaïa. On lui souhaite plein de forces et de courage pour finir son
périple ! Son site ici.
Le 26
octobre :
Le matin, nous
entamons une promenade à pieds pour la montagne aux sept couleurs, toute proche
du village. C’est en effet un paysage incroyable, minéral et surprenant de couleurs.
L’après-midi, nous
prenons un taxi pour nous rendre à Salinas Grandes. Nous passons par une route
de montagne sinueuse (refaite tout récemment), un col à 4 170 mètres, pour
redescendre ensuite en lacets jusqu’à la plaine des salines à 3 600 mètres.
Cette plaine s’étend sur 50 km de long et 35 km de large. La couche de sel va
de 60 cm à plusieurs mètres de profondeur. Le lieu est toujours exploité pour
un très maigre salaire (en moyenne 6 Pesos par jour…) dans un climat
rude : très chaud et lumineux le jour, froid et terriblement venteux le
soir. La technique de récolte pour le sel pur est la suivante :
On creuse des
bassins dans le sol. L’eau présente sous la croûte de sel remonte peu à peu et
rempli ces bassins. Le sel se cristallise ensuite lentement et il faut un an
avant que le bassin soit de nouveau rempli d’un beau sel blanc et pur, prêt à
être récolté. Aujourd’hui, des camions se chargent du transport vers la ville.
Mais avant les années 70, lorsque la route n’existait pas, le transport se faisait
à dos de bête et mettait environ 5 jours. On peut imaginer des caravanes
semblables dans l’Himalaya (la neige en moins !).
Avant de quitter
les lieux, nous passons par la maison des travailleurs, entièrement faite avec
des briques de sel ! A l’intérieur, le mobilier est aussi en sel (bacs,
tables).
Le 27
octobre :
Nous partons ce
jour en excursion jusqu’à Humamarca. Un taxi nous prend à l’hôtel et doit nous
ramener le soir directement à Salta (beaucoup de km en perspective).
Notre première
halte est à Tilcara, petite ville coloniale à une vingtaine de km de
Purmamarca. Là est situé un centre archéologique et une jardin botanique de
cactus. Un lieu à ne par rater dans la région !
Nous avons aimé
nous promener dans ce jardin « piquant ». Et aussi gravir la colline
de la Pucara, site archéologique découvert et mis en valeur par l’archéologue
Ambrosseti. Attention, ne pas se tromper : la pyramide tronquée située sur
le plus haut point n’est pas une pyramide Incas !!! C’est un monument
élevé aux … archéologues !!! Le village préhispanique fut découvert selon
la théorie suivante : les indiens consommaient beaucoup de fruits de
cactus et sur leurs excréments poussaient donc une plus grande quantité de
cactus ! Les archéologues ont donc choisis des lieux où y poussaient une
grande quantité. Et il est vrai que la colline en est envahie.
Le lieu choisi par
les indiens est stratégique, à 60 mètres au dessus du fleuve et s’étend sur
environ 9 hectares. Il fut habité du IXème siècle au XVème siècle et a pu
abriter jusqu’à 1 500 personnes.
Quelques
reconstitutions de maisons ont été faites en pierres sèches et toits de terre
crue, alternant avec des ruines en tas de pierre à peine visibles sous les
cactus.
Les indiens
vivaient de commerce du sel, d’obsidienne, de basalte, de turquoise et autres
roches pour fabriquer outils, pointes et projectiles et les troquaient contre
des produits de la vallée : bois, plumes, noix, teintures et
hallucinogènes (cebil).
Nous reprenons la
route vers le nord, et passons le tropique du Capricorne (petite photo
oblige !)
Arrêt suivant dans
le petit village d’Uquia pour visiter la petite église de San Fransisco de
Paula y de la santa Cruz où l’on découvre une surprenante série d’anges
arquebusiers ou plutôt militaires… Sujets étonnants, de belle qualité pour une
si petite église !
Puis encore
quelques km pour atteindre Humahuaca à 2 900 mètres d’altitude, dernier petit
village de la Quebrada avant le vide total et la frontière bolivienne. On y
découvre un imposant monument aux héros de l’indépendance, et une église dotée
d’un carillon de midi mécanique, faisant sortir le saint quotidiennement de son
alcôve de métal : un spectacle en soit !
Après une bonne
pause déjeuner, nous rentrons en direction de Salta, quelques imprévus de route
en prime : contrôle sauvage de police et chauffeur pas en règle… Tout ça
nous prend un peu plus de temps que prévu…
Les photos de cette virée ici.
Le 28
octobre :
RAS…
Retour vers Buenos Aires en bus.