Mais que vient-on
faire dans ce petit pays d’Amérique du Sud dont personne ne parle jamais ?
Il n’y a pas de guide touristique, il n’y a rien à voir, c’est un repère
d’anciens nazis et ses grandes villes sont réputées pour leur violence… Voici
en gros les préjugés que nous (en fait, surtout Hervé) avions avant de venir.
Aller au Paraguay, c'était un peu se retrouver dans la peau de Dustin Hoffman dans Marathon Man, (pour ceux qui se souviennent de ce film des années 70).
Non, notre séjour
au Paraguay n’est pas touristique. Nous y
sommes principalement pour visiter notre filleule de Plan International, une
petite fille de 10 ans vivant dans une province du sud.
Et au passage, par
le biais de Hospitality Club, nous nous trouvons hébergé pour quelques jours
près d’Asuncion dans un orphelinat : un expérience concrète pour les
enfants (les nôtres).
Le 11
octobre :
Nous arrivons tôt
le matin par le bus de nuit à Asuncion, un peu claqués (6 heures de sommeil
dans un bus très climatisé et une route pleine de nids de poules). Nous prenons
un taxi vers l’adresse indiquée, le secrétariat de l’orphelinat. Puis, là-bas,
une camionnette vient nous chercher pour aller vers l’orphelinat situé dans la
banlieue d’Asuncion.
Là, nous
découvrons le centre :
Un terrain immense
est pourvu de plusieurs bâtiments, plus ou moins récents, abritant aujourd’hui
environ 120 enfants de tous ages, et 80 adolescents et adultes. Tout ce petit
monde forme une grande famille. Chaque petit est pris en charge par un grand.
Les enfants sont répartis en chambres de 10. Les filles s’occupent des bébés
comme des petites mères.
Ici, chaque enfant
a son histoire, une histoire difficile… enfants des rues, enfants abandonnés, adolescents drogués, abusés, battus… tous les cas sociaux.
Mais ici, tous
sont unis, aimés, guidés. Une énergie et un amour immenses a peu a peu permis
la formation de cet orphelinat. Patricia est à l’origine de cette
histoire : elle commence par adopter trois enfants en 2002, puis sentant qu'elle se devait d'aller plus loin, décide d'accueillir 15, puis 60, et maintenant 200 enfants, nombre qui est appelé à s'accroître encore.
Grace à son énergie, elle a pu se voir attribuer un terrain par les autorités paraguayiennes, et quelques aides publiques. Le projet reste cependant soutenu essentiellement par des dons de particuliers d'Assuncion et de commerçants qui font des dons en nature (nourriture, matériel), souvent quelques volontaires viennent prendre part aux travaux avec là encore une belle énergie.
Aujourd’hui les jeunes
adultes sortis de ce lieu sont nombreux à vouloir essaimer. Certains ont
débutés un travail dans la favela la plus dangereuse de Rio, où la vie peut être un
enfer permanent, d’autres songent à créer un centre à Ciudad del Este, ville
frontalière avec Iguazu, une plateforme de trafics en tous genre... une myriade d'espoirs...
Nous vous incitons tous à lire cette histoire sur leur site (en espagnol pour le moment).
Bien sûr, pour
avoir une telle énergie, il faut la foi, quelle que soit la confession. Ici, ce
sont des protestants, et bien que agnostiques, nous nous devons de respecter
leur règles, et de nous mêler à la vie d’ici.
Aujourd’hui, nous
aurions du visiter les locaux de Plan à Asuncion, mais un petit cafouillage
nous retarde : nous les visiterons demain, et la visite de Marta est aussi
décalée. Cela ne nous arrange pas, mais il faut s’adapter !!
Alors, nous
passons la journée ici, en compagnie des enfants. Adrien, toujours comme un
poisson dans l’eau se fait plein de copains et copines et parle par gestes. Il
a le vocabulaire de base : oui, non, merci, comment tu t’appelles, quel
age as-tu, tchao… en espagnol, bien sûr ! Mais ici, certains enfants ne
parlent qu’une langue : le guarani, la langue indienne du Paraguay, aussi
langue officielle au même titre que l’espagnol. Alors, c’est parfois plus
compliqué…
Au passage, il est remarquable de constater que le guarani, dont nous connaissions le statut de langue officielle avant même notre départ, s'est répandu dans toute la socièté, à tel point que près de 90 % de la population le maitrise... beaucoup d'habitants sont donc quasiment bilingues, et seule une toute petite fraction ne parle que l'espagnol, 40% par contre ne parle que le guarani.
Tout ceci est sans nul doute l'héritage du travail des jésuites au sein des Missions de la région, Missions où la langue était le guarani et non l'espagnol et où furent élaborés les premiers livres et dictionnaires dans cette langue à l'usage des indigènes et des jésuites eux mêmes. Ainsi, de nombreux enfants s'étonnent que nous parlions espagnol, mais pas guarani !!! (ils ne voient que rarement des étrangers).
Dans l’après-midi,
nous fêtons avec eux les anniversaires d’octobre (ça nous concerne aussi un
peu ?!). Tout ça plein d’émotions…
Nous dormons dans
une pièce aménagée avec gentillesse spécialement pour nous : une hospitalité et un accueil remarquable de tous, dans la simplicité.
Le 12
octobre :
La cloche sonne
plusieurs fois : 5h30 (pour ceux qui doivent préparer le petit déjeuner),
6h (pour le lever général), 6h30 (pour le petit déjeuner)… Alice et Adrien,
bien fatiguées, ne bougent pas d’un poil…
Puis à 7h, tous
les enfants sont partis à l’école. Restent les plus petits, les malades, les
handicapés et quelques ados.
Nous profitons de
quelques heures de la matinée pour un peu de CNED, et diverses activités
partagées : ramassage des gravats pour Hervé, lessive et enfants pour
Cecilia, et encore jouer pour Alice et Adrien.
Nous partons vers
Asuncion en fin de matinée : manger en ville, sentir un peu l’ambiance, et
visiter les bureaux de Plan afin d’organiser la journée du lendemain consacrée
à la visite de Marta. Nous sommes plutôt agréablement surpris par la
ville : tout ce que l’on a vu est à échelle humaine, agréable : des
maisons individuelles, des jolis jardins, des rues aérées et vertes. Cepandant,
des bidons-ville s’y cachent et à quelques dizaines de mètres de la cathédrale,
si l’on se penche un brin pour observer le lac, on change de monde : la
fracture est là, sous des toits de tôles, une extrême pauvreté… La police qui
est tout près nous met en garde, nous sommes au bord d’une limite à ne pas
franchir.
Nous rentrons en
taxi jusqu’à l’orphelinat (pauvre taxi, il finit sa journée un pot d’échappement
par terre, raclé par les pierres de la piste !). Nous rebouclons nos
affaires car demain nous partons très tôt vers Ñumi.
Les photos d'Asuncion ici.
Le 13
octobre :
Voici le grand jour arrivé où nous allons rencontrer notre filleule de Plan. Nous partons tôt
le matin de l’orphelinat, les enfants sont déjà tous debout et attendent le
moment de prière du matin. Julio passe nous chercher en voiture pick-up. Nous
rentrons tous les 5 et à l’arrière, la caisse de la harpe est calée à l'arrière.
Cette journée est un peu spéciale pour Plan. En effet, de multiples représentations sont prévues dans la région pour montrer l'action de l'association : conférences, petits spectacles des enfants, stands, matchs de foot...
Après 3 heures de route (dont une bonne part de piste de terre), nous arrivons juste à temps à la ville de Vilarrica pour voir la prestation de Marta : une petite danse sur fond de musique folklorique, en costume traditionnel... Ils sont adorables ! Nous sommes présentés, ravis d'être là. Nous nous éclipsons du spectacle après quelques blabla officiels pour aller acheter de quoi manger pour tout le monde (famille de Marta, représentants de Plan et nous), un ballon neuf et un beau cartable pour Marta. Nous partons ensuite directement dans la famille pour partager le repas.
La campagne est jolie, les villages plutôt biens entretenus (par rapport à ce que nous avons vu au Brésil ou au Pérou), c'est vert... Ce pays nous plait !
La maison de Marta est basique : en planches, avec toit en tôle. Juste à côté, on cotoie les poules, les cochons, les canards, deux petits chats... un petit potager.
Les enfants jouent au ballon, les grands discutent. Nous apprenons beaucoup sur les actions de Plan menées dans la région : en premier l'éducation, puis l'eau, la santé et l'hygiène font partie des domaines de prédilection de l'association.
Nous faisons après le repas, un tour du côté de l'école. Par chance pour Marta, cette dernière est située à 1,5 km de chez elle. Ce n'est pas le cas de certains autres élèves qui doivent faire deux fois par jour 8 à 10 km à pieds ! Les classes ont de petits effectifs (de 5 à 12 élèves par niveau) et les cours se répartissent en 5 fois 4 heures, tous les jours sauf le week-end. Plan a permis quelques améliorations : matériel scolaire, formation des enseignants, construction de nouvelles toilettes, mise en place d'un potager... Tout ceci permet aux enfants de travailler dans de bonnes conditions.
Après la visite de l'école, nous nous soumettons aux questions éventuelles des élèves... assez intimidés et peu dans leurs habitudes, peu de questions surviennent. Alors Alice nous fait un grand plaisir en sortant sa harpe et en jouant un peu de son répertoire !
Nous retournons dans la famille de Marta pour faire nos adieux et prendre le chemin du retour. La route est longue jusqu'à Asuncion et il est préférable de rentrer avant la nuit. Nous profitons de Julio et de sa grande voiture pour reprendre nos bagages à l'orphelinat (après de nouveaux adieux touchants avec les enfants et les grands), et aller à la gare routière attendre notre bus de nuit.
Ce fut une très belle journée, riche en rencontres et découvertes... On aime le Paraguay !!!
Les photos de Ñumi ici.