Du 13 au 19 janvier :
De retour à Buenos Aires... Nous raccrochons notre billet "tour du monde" mis de côté avec l'épisode Africain. Nous séjournons dans la capitale sans programme. Nous nous posons de nouveau dans l'été après 4 jours intenses et froids à Paris. Nous digérons notre étape précédente et préparons les suivantes. Il nous faut bien quelques jours tranquilles ! Les enfants avancent le CNED...
SUR LE MALI
Pour nous tous le Mali restera une expérience forte.
Certes on reste dérangé par les rues défoncées et jonchées de détritus, par la présence d’égouts à ciel ouvert (pour les quartiers qui possèdent des égouts), par la circulation anarchique et rendue plus dangereuse encore par l’état des véhicules.
Difficile cependant de rester indifférent à une population globalement si pauvre, mais si accueillante et chez laquelle on ne ressent jamais ni agressivité, ni rancœur.
Pourtant, le Mali traverse une mauvaise passe…
Durant notre séjour les mauvaises nouvelles se sont succédées : une agence de notation a même retiré le pays de sa liste, considérant que la pauvreté endémique, la persistance d’un chômage très élevé et d’un secteur informel excessif accompagnés d’une faible croissance rendaient vaine toute tentative de notation.
Fin novembre l’enlèvement d’un Français à la frontière Nigérienne provoquait un grand nombre d’annulations de séjours de la part des touristes occidentaux et accentuait une saison déjà affectée par le contexte international morose.
Bien des clichés sur l’Afrique s’effondrent au contact de ces gens qui triment pour des salaires dérisoires.
Je n’oublierais pas ce porteur, un grand gars bien bâti qui s’était arrêté devant la superette locale pour reprendre un peu son souffle, il avait certainement tiré son chariot rempli de bidons d’huile de vidange sur plusieurs kilomètres sous une chaleur harassante, transpirant à grosses gouttes il me demanda de lui donner quelque chose car il avait faim et savait que sa pauvre cargaison ne lui rapporterait pas de quoi manger aujourd’hui.
Une petite anecdote illustre bien ce manque terrible de moyens qui affecte toute l’économie :
Une fuite s’était manifestée dans notre salle de bain et notre gardien était parti en quête d’un plombier (la propriétaire avait accepté de prendre en charge cette fuite puisque sa présence était antérieure à notre arrivée).
Le plombier arrive, en Jakarta (la moto chinoise à 400 euros) avec son matériel (2 clés anglaises, un tournevis, un marteau et un peu de plâtre, le tout emballé dans un chiffon) et commence le travail en compagnie de Bourama notre gardien.
On entend frapper pendant quelques minutes (pour extraire le tuyau défectueux), puis plus rien… je m’en inquiète et vais à la salle de bain, où je trouve les 2 hommes assis sur le bord de la baignoire, manifestement ennuyés, je leur demande si il y a un problème, et Bourama me réponds « oui, le problème c’est l’argent ! Le tuyau ça coûte 2000 Francs, il les a pas (le plombier) et je les ai pas ».
La propriétaire ne lui ayant pas laissé d’avance, il n’avait pas voulu me demander d’argent.
Je lui donne les 2000 Francs (3 euros), les visages sourient, le plombier revient 10 minutes plus tard avec le trésor, répare et fait les finitions .
Affaire réglée ! Grâce à 3 euros qui faisait défaut à l’un et à l’autre !
Le travail est rapidement terminé et le plombier repart content après avoir demandé le règlement de son travail (2000 francs supplémentaires), et je suis certainement son seul client de la journée…
Chacun gagne, lorsqu’il a la chance d’avoir un travail, juste de quoi aller au lendemain.
Par ailleurs il n’existe aucun système de retraite, et une famille nombreuse représente du fait de la solidarité familiale la meilleure assurance vieillesse.
Enfin, tout est renchéris par l’absence d’industrie locale, tous les biens transformés devant être importés !
Seules restent bon marché les productions locales de base (fruits et légumes…).
Peu de ressources, peu de boulots, quasi totalité de l’économie informelle donc peu de revenus pour l’Etat également et donc peu d’investissements de sa part.
Le cercle vicieux de la pauvreté au Mali est bouclé.
Finalement, je me dis que ce dont les Maliens ont besoin, c’est de profiter enfin de la mondialisation dont ils ont tant pâti jusqu’à présent, et de voir enfin des industriels délocaliser en Afrique plutôt qu’en Chine !
Voici pour la note économique... (par Hervé).
Moi (Cecilia), j'aimerai vous conter ce que ce pays cache comme trésors :
Ce sont tout d'abord des sourires.
Les salutations qui peuvent paraître interminables mais qui démontrent par leur longueur l'intérêt que la personne vous porte.
Les enfants très libres et débrouillards, et en même temps toujours respectueux des adultes...
Les femmes, portant toutes sortes de choses sur leur tête et souvent un bébé dans le dos, l'air fières. Leurs boubous modèles uniques, leurs façon de nouer leur foulard, les couleurs, leurs tresses... Leur courage aussi.
Aussi leur façon surprenante de se plier en deux pour faire la cuisine, le ménage, la lessive, les travaux des champs... une souplesse que j'envie !
Les "y'a pas de problème", phrase qui rassure et résout tout, mêmes les situations les plus improbables. Les "c'est ça qu'est bon !" qui approuve sans tergiverser. Les "papa et maman" adressés aux personnes responsables, même s'il n'y a pas de lien de parenté et quel que soit l'âge - la notion de famille est élastique.
Les baobabs aux troncs massifs et aux fruits acidulés (le pain de singe).
La falaise de Bandiagara, comme un conte de fée, peuplé dans un lointain passé de bouts d'hommes aux surprenants pouvoirs magiques (ne détruisons pas les rêves svp).
Les architectures de terre, et leurs ombres portées sous le soleil ardent. Leur intérieur rafraîchissant et leur plafonds de poutres et de branches entrecroisées.
Une cuisine toujours abondante et délicieuse. On ne sait pas cuisiner pour 4... c'est trop peu. Ici, on cuisine pour la famille au sens élargi (7, 10, plus...).
Et bien sûr le doux coton cardé qui file entre les doigts, le va et vient de la navette des tisserands, les cuves d'indigo, recouvertes d'une mousse dense, d'un bleu profond aux reflets cuivrés...