Notre vie à Auroville
continue. Nous prenons nos marques et commençons à bien connaître les petits
chemins de terre. Nous avons maintenant deux mobilettes : on transpire
moins, on est plus rapide et on peut sortir le soir. Par contre, nous n’évitons
pas les pannes : pannes d’essence, de démarreurs, de bougies… et on
pollue ! Ces véhicules ne sont pas de première jeunesse !
Le travail se met en
place à Colours of nature, amenant la curiosité et amorçant l’échange. A
suivre…
Les rencontres sont
toujours enrichissantes. Les enfants aiment les séances de peinture « Arno
Stern », la Solar kitchen où l’on se régale tous les jours, observer les
gens travailler, attendre dans un coin chez la potière avec un paquet de terre
à modeler, un bébé chouette à nourrir de cheveux, trois petits chiots qui font
leurs premiers pas, se baigner dans les bassins de rinçage de teinturerie, … et
l’étrange expérience du Matrimandir, boulle dorée contruite en 40 ans de la
main des Aurovilliens et de multiples volontaires qui abrite une grande salle
de « concentration » ou méditation (sans aucune connotation
religieuse)… L’expérience d’un silence rare et fort. Un lieu exceptionnel qui
ne laisse pas indifférent : soit on déteste et le rejet est fort et
viscéral, soit on adore indescriptiblement.
Avec la chaleur
(37-38°C), nous avons du mal à prévoir des excursions dans l’Inde du sud. Et
nous sommes aussi heureux de faire un break après tous nos mouvements dans ce
lieu passionnant. Nous avons tout de même tenté une sortie dimanche
dernier :
Dimanche 9 mai :
Nous sortons un peu
d’Auroville pour aller visiter le fort médiéval de Gingee.
Pour tenter d’éviter
un peu la chaleur, nous partons tôt le matin (7 heure) avec un taxi
d’Auroville. Nous arrivons après environ 2 heures de route, au pied du fort.
Le premier fort de
Gingeee fut construit par Ananda Kon I, en 1200. Il fut ensuite agrandi,
modifié, fortifié de nombreuses fois.
Durant les siècles il
fut en possession des Vijayanagara, des Nayaka, des Martha, monghols, Carnacs,
Nawabs, des français et des anglais entre 1383 et 1780. Après les
nombreux assauts subits, le fort fut totalement en ruine en 1823.
Nous pouvons visiter
ce qu’il en reste aujourd’hui : trois collines et sur chacune un fort,
plus un fort intérieur et une ville basse. Le tout cerclé de murailles.
Quelques bâtiments sont encore debout. Avec un peu de courage et quelques
bouteilles d’eau (le soleil tape déjà bien), nous gravissons la colline qui
abrite le Krishnagiri fort. C’est l’heure où les petits singes s’agitent dans
les banians. La montée n’est pas aisée, les marches de pierre étant plus
qu’inégales et passablement disloquées.
De là-haut, nous avons une vue
imprenable sur les deux autres collines et sur la campagne et la ville
avoisinantes. Nous nous promenons dans les divers édifices criblés de multiples
écritures laissées par des touristes. Quelques bas-reliefs restent encore, mais
si peu… Nous goûtons l’air frais qui circule dans les hauteurs à l’ombre des
bâtiments avant de redescendre dans la fournaise.
C’est bientôt l’heure
du repas. On nous a conseillé d’aller à Tiruvanamalai afin de visiter l’ashram
d’un grand saint indien, Sri Ramanamaharshi, et de manger là-bas dans cette
ambiance bien particulière.
Nous arrivons effectivement à l’heure où de
nombreux ascètes, vêtus de leur pagne orange, viennent attendre leur repas à
l’entrée de l’ashram, gamelle à la main. Nous nous renseignons, mais il est
trop tard et ne ils peuvent pas nous servir 4 repas… Ce n’est pas grave. Nous
visitons les lieux, comme les centaines de personnes qui passent chaque jour
pour voir le lieu où Sri Ramanamaharshi a atteint le Nirvana (où il est mort),
sa tombe, la grande salle où trône sa statue et où les gens viennent se
recueillir, et deux salles de méditation, pleines à craquer, où tout un chacun
peu s’y installer quelques minutes, une heure… Toute une ambiance de l’Inde,
mais assez calme tout de même, la période de grandes festivités qui attirent
les adeptes de partout dans le monde étant passé depuis un mois. Par contre,
pour trouver un restaurant, c’est un peu plus compliqué, ces derniers étant
quasiment tous fermés pour congés.
Le grand temple indou
du XIème siècle dédié à Shiva, l’Arunachaleshvara, est aussi fermé, pour cause
de travaux de restauration.
Nous quittons donc
Tiruvanamalai un peu sur notre faim au sens propre et figuré.
Nous retournons à
Gingee, pour manger dans un petit restaurant typiquement indien (« no western food here », nous dit notre chauffeur). La carte (au mur) est en
tamoul, on n’y comprend rien… On fait confiance au serveur et nous commandons
deux repas et deux riz au citron (le moins épicé) pour les enfants. Arrivent
sur la table deux grandes feuilles de bananier sur lesquelles le serveur jette
un peu d’eau pour les laver rapidement. Puis nous avons droit à une grande
assiette de riz chacun, deux louches de légumes différents sur la feuille de
bananier et une multitude de petits bols de sauces, yaourt et dessert. C’est
déjà énorme, mais ce n’est pas tout : dès que l’on fini on est resservi.
On regarde à l’entour pour voir comment se débrouiller : notre voisin met
son riz sur la feuille de bananier et le malaxe longuement aux légumes avec sa
main droite en mettant de temps en temps une portion dans sa bouche… Par chance
nous sommes sauvés, on nous amène des cuillères ! Le tout était excellent,
mais très épicé. Le prix a battu le record du repas le moins cher de notre tour
du monde : 110 roupies (1,90 €) pour
nous quatre !!
De retour au fort,
nous visitons la zone basse. Un joli jardin vert et fleuri, ombragé par de
grands banians est le lieu où les familles indiennes se retrouvent pour
pique-niquer le dimanche. Nous profitons de cette atmosphère rafraîchissante
entourée des greniers, du bassin pour les éléphants, et du Kalyana Mahal,
bâtiment blanc, carré à plusieurs étages construit pour les dames de la cour.
Le soleil tape fort
maintenant, nous rentrons.
Les photos de cette journée.