Petits rappels pour ceux qui ne connaissent pas cette technique :
Ikat par
wikipedia :
L’ikat (du malais ikat,
« attacher, nouer ») est un procédé de teinture et de tissage dans
lequel le dessin est créé en teignant d'abord le fil de trame,ou le fil de
chaîne, de toutes les couleurs qui vont y figurer, à des intervalles très
précis, de sorte qu'au moment du tissage les éléments du dessin se créent par
la juxtaposition des parties du fil de la couleur appropriée (par exemple, cinq
ou six points jaunes de deux millimètres, à un mètre de distance l'un de
l'autre sur la longueur du fil, viennent l'un au-dessus de l'autre au moment du
tissage pour former l'œil d'un oiseau, et ainsi de suite pour chaque élément du
dessin). En teignant le fil, les parties qu'on veut préserver d'une certaine
couleur de teinture sont cachées par un fil qu'on noue sur le fil de la trame.
On plonge ensuite le fil dans la teinture. On recommence pour les autres
teintes. Par extension, le mot désigne également le tissu qui en résulte.
Simple ikat :
Se dit d’un tissu dont le décor a été exécuté avec la
technique de l’ikat chaîne. Les fils de chaîne étant ceux que l’on tend sur le
métier à tisser.
Double ikat :
Se dit d’un tissu dont le décor a été réalisé par la
technique de l’ikat chaîne ET trame. Les fils de trame étant ceux qui viennent
s’entrecroiser à la chaîne lors du tissage.
Les doubles ikats de Tengenan, dits Geringsings, sont les tissus cérémoniaux considérés comme les
plus puissants et magiques de Bali. Ils sont utilisés par la noblesse balinaise
pour de grandes cérémonies comme le limage des dents (rite de passage à l’age
adulte), le mariage ou les funérailles. Ils peuvent aussi être employés pour
guérir certaines maladies (on brûle des petits fragments de tissu lors de rites
curatifs).
Les motifs représentés ont une forte symbolique. Les
matériaux employés sont le coton balinais filé main et les couleurs sont toutes
naturelles.
Quelques heures passées au village m’ont permis de glaner
quelques renseignements, sans pour autant aller dans les détails faute de bonne
communication (ou une certaine rétention d’informations… aussi possible).
Je suis arrivée au village en fin de matinée (2 heures de
routes pour venir de Denpasar). Mama et papa étaient au travail : l’une
préparait des trames sur un cadre, et l’autre dénouait des ligatures de chaînes
teintes. Putu était présent pour traduire.
Voici en gros le
processus de fabrication :
Le coton est filé à la
main afin d’obtenir un fil très fin.
Ce fil est ensuite
trempé dans une huile de noix de macadamia. C’est l’unique information de j’ai
pu obtenir sur le mode de mordançage… C’est peut-être l’unique mordançage, je
ne sais pas… Le résultat donne un fil plus jaune et poisseux (la poussière s’y
colle rapidement).
Ce fil est alors
préparé : la chaîne est ourdie entre deux morceaux de bois verticaux, et
la trame est instalée sur des cadres en bois de la largeur finale du tissu.
Le motif est alors
reporté sur les fils et les ligatures réalisées par petits paquets aux endroits
que l’on souhaite laisser sans teinture.
Les motifs
traditionnels sont mémorisés sous forme de canevas aux points de croix. Chaque
point de croix représentant un nombre déterminé de fils à nouer.
Les couleurs
traditionnelles sont le jaune, le rouge, le brun et le noir. L’indigo existe
aussi. Sur la question des teinture, beaucoup de flou… pas de détails
techniques difficiles à exprimer pour des personnes qui ont la tradition mais
pas la science du pourquoi et comment ça marche. Il faudrait voir pour
comprendre.
Une fois teint, on
peut ôter les ligatures des fils et installer le métier à tisser : la
chaîne sur le métier et la trame sur la navette.
Le métier et un métier
à ceinture simple, le tissage est d’armure toile.
Le tissage peut alors
commencer, le plus délicat étant de veiller à toujours bien faire correspondre
le motif de la chaîne avec le motif de la trame.
Un double ikat pour
mettre entre 5 mois et 7 ans à être réalisé (toutes les opérations citées plus
haut). C’est cet ensemble d’opérations ajoutées aux symboles graphiques qui lui
confèrent son pouvoir magique.
Bien sûr, je n’ai pas
pu partir de Tenganan les mains vides. Mais mon budget étant limité, j’ai
longuement parlementé pour avoir deux précieuses petites pièces.
Surperbes photos de Bali et de l'artisanat, je suis sûre que tu bouillonnais de l'intérieur en te disant que tu aurais bien essayé d'en faire un ! En tout cas vous avez bien fait de vous arrêtez à Bali, ça à l'air effectivement très beau. On vous souhaite encore plein de belles découvertes avant votre retour, bises de nous trois, Isa
Rédigé par : Isabelle F | 28 avril 2010 à 12:18
Magnifique ! j'étais sur un tournage .... un peu ...beaucoup... très occupée ! Ravie de vous retrouver à travers le site !
Toujours plein de belles choses à voir et apprendre , merci !
A très bientôt pour l' Inde ....
Je vous embrasse !
Véronique
Rédigé par : Véronique | 25 avril 2010 à 16:46