Les 22 et 23
décembre :
Nous quittons
Bamako en taxi privé pour Ségou (235 km), première étape de notre périple vers
le pays Dogon.
Le trajet est
un peu éprouvant : chaleur (pas de clim.), voiture et chauffeur
moyennement fiables. Mais ne nous plaignons pas, il y a bien pire. Sur la
route, nombre de cars sont vraiment très, très limite : pannes de moteur,
pneus crevés, et le plus impressionnant, certains roulent en crabe, le châssis
tordu, au choix, vers la gauche ou vers la droite ! On ne parle pas des
rétroviseurs en option et des pare-brises fendus… En cars, on sait à peu près quand on part,
mais il ne vaut mieux pas faire de pronostique pour savoir quand on
arrive !
Et ça nous
rappelle la remarque de Moussa, notre taximan de Bamako qui nous dit :
« Quand en France, le patron dit « Ce car est fatigué », il le
revend en Afrique, où on dit : « C’est neuf » ! ».
Bien, nous
arrivons à bon port, un peu fatigués… Heureusement, la ville de Ségou rompt
avec le rythme trépidant de Bamako : un peu de calme.
La ville
s’étend sur les rives du fleuve Niger qui apporte un peu de fraîcheur (la
température doit avoisiner les 35°C entre 11H et 16h). Des pirogues, des
pinasses transportent pêcheurs, villageois, touristes.
Après un peu
de repos, nous allons nous promener le long de ses rives, prendre des repères,
organiser la journée du lendemain.
Avec la crise
mondiale, les touristes sont moins au rendez-vous. On redoutait un peu de se
trouver dans un bain de touristes en cette période de Noël, mais ce n’est pas
le cas. Alors les commerçants de babioles à souvenir en souffrent ! Mais
qu’à cela ne tienne, nous sommes là !!! A peine sortis de l’hôtel, nous
sommes assaillis : « Monsieur, aujourd’hui c’est pas
cher » ; « Madame, viens dans ma boutique pour le plaisir des yeux » ;
« Ici, on casse les prix, mais pas les pieds » ; etc…
Le lendemain,
nous décidons de profiter des premières heures de la journée, de la fraîcheur…
Il fait presque un peu frais (20°C) et les maliens ont sortis les
doudounes et les bonnets.
Nous partons
pour une promenade en pinasse sur le Niger, direction le village de Kalibougou
à 1 heure de navigation. Nous profitons du paysage bien agréable. Les pêcheurs
posent leurs filets, leurs nasses ; les paysans arrosent leur potager avec
l’eau du fleuve puisée dans des calebasses.
Nous mettons
pied-à-terre, et sommes accueillis par un arbre magnifique, un Balanzan, le
symbole de Ségou.
Kalibougou est
un village tout en banco, d’environ 400 habitants, répartis en 4 quartiers
d’ethnies différentes. Kalibougou est spécialisé dans la fabrication des
poteries.
Nous visitons
le village autour de ce thème, après avoir payé au chef de village la taxe
touristique.
Kalibougou
possède deux puits de forages profonds, alimentant les villageois en eau
potable. Le réseau électrique n’arrive pas jusque-là. Seuls certains possèdent
des panneaux solaires, un groupe électrogène, ou de simples batteries
rechargées à Ségou pour avoir un peu de lumière après 18h ou bien pour faire
fonctionner la radio.
Nous avons
aimé les petits greniers : ils sont rehaussés du sol et posés sur des
morceaux de bois. La structure est en paille tressée, ronde, recouverte de
banco. Un petit chapeau pointu en paille comme toit.
Le village a
deux écoles : l’école traditionnelle coranique, et l’école française. Les
parents choisissent quel cursus leurs enfants suivront… Mener les deux en même
temps est impossible car elles ont les mêmes horaires (le matin). Certains
optent pour une base d’école coranique, puis l’école française…
Une petite
mosquée, indispensable : elle était en banco… Mais les villageois pour des
facilités d’entretiens l’ont enduite de ciment et ont remplacé les poutres
saillantes de bois par des poutres de métal… Quel dommage ! La forme
reste, mais l’allure n’est plus.
La relique du
village, c’est le gros tambour traditionnel du chef, employé par son griot pour
appeler la population à un événement, un regroupement, partager une nouvelle.
Celui-ci, trop abîmé et fragile, il ne sert plus, mais il est précieusement
conservé, couvert de poussière. Cette tradition est toujours vivante, un
tambour neuf le remplace.
Nous rentrons
tranquillement à Ségou, goûtant les trois thé traditionnels :
Le premier,
amer comme la mort (oui, il est dur à avaler celui-là !) ; le second
doux comme la vie ; et le troisième doux comme l’amour… le tout très, très
sucré.
Avant le
déjeuner, nous partons visiter un peu à l’extérieur de la ville le centre
artisanal Ndomo. Pour nous y rendre, nous testons le moto-taxi, un peu
apparenté au rikshow indien, mais avec une plus grande capacité (jusqu’à 8
personnes). Le centre est spécialisé dans la fabrication de bogolans. C’est un
très joli lieu, avec des bâtiments traditionnels flambants neufs en banco. Par
contre, les méthodes traditionnelles de teintures naturelles me semblent
parfois un peu douteuses… Mais ça, le touriste n’y voit que du feu.
Après une
pause déjeuner et une petite sieste, nous partons pour le vieux Ségou, le
village historique de Ségou-koro à une dizaine de kilomètres.
Nous
commençons par nous diriger vers la concession du chef de village, pour payer
la taxe. Cette taxe a été mise en place pour permettre justement aux touristes
de visiter le village, en apportant une petite participation pour la
communauté. Le chef de village est occupé ce jour par la grande opération de
recensement national de la population. On le verra de loin.
Nous suivons
notre guide, nous mêmes suivis par des grappes d’enfants. Ils sont bien
mignons. Mais certains sont un peu pénibles : « Toubab, donne-moi un
cadeau, donne-moi un bonbon, donne-moi un bic, … » Nous n’avons rien de
tout ça, et puis la taxe de village est là normalement pour éviter ce genre de
choses, les adultes le savent bien. Mais les enfants ont pris de mauvaises
habitudes à voir des touristes arriver chez eux les sacs remplis de ce type de
babioles, alors ils réclament… On ne leur en veut pas, mais c’est à nous,
touristes de faire attention. De trouver une juste mesure pour aider, sans
créer des populations d’assistés. C’est important, pensez-y !
Un peu
d’histoire maintenant :
Ségou-Koro fut
une ville importante du XVIIIème siècle. Le chef de l’empire Bambara (Biton
Coulibaly 1712-1755) y élu résidence et y construit son palais, fraîchement
restauré l’an passé da manière traditionnelle. Par mesure de sécurité, le
palais ne comprend pas d’ouvertures en façade, mais comprend juste des puits de
lumière sur le toit. Tout ceci par mesure de sécurité, de nombreuses rivalités
ethniques ayant lieu à cette époque. La ville était protégée par des maisons de
chasseurs à chaque entrée du village.
Une des plus
anciennes mosquées est bâtie ici sur les bords du fleuve, celle construite pour
la mère de l’empereur, Ba Sounou Sacko.