Connaître et comprendre ce lieu n’est pas évident. Il faut une bonne dose de curiosité pour aller trouver derrière la végétation les gens qui y vivent, pour les questionner. Cette dernière étape n’a rien de touristique. D’ailleurs, j’ai tendance à ranger l’appareil photo, ou plutôt ne pas le sortir, emportée par l’envie de vivre et comprendre l’instant sans la perturbation de la boite à images. Les images resteront pour la plupart dans les souvenirs, s’imprimant avec tout le lot de sentiments divers et variés dans notre cerveau, notre cœur et notre âme. Désolée pour les amateurs de photos… Je tenterai néanmoins de vous compter un peu de ce lieu, comme je le sens et comme je le peux…
Il souffle ici comme
un vent de liberté dans une nature généreuse. Les gens la respectent et
l’aiment, la travaillent de leurs mains et la parcourent pieds nus. Les
enfants ont leur aire de jeu
préférée dans les banians, arbres à lianes et à 1000 troncs, ils y grimpent
avec bonheur comme des petits singes, sans peur aucune.
Les animaux sont
nombreux. En premier, les oiseaux qui chaque matin nous réveillent bruyamment,
mais tellement agréablement… Il y a les petits mammifères écureuils et
chauves-souris, les petits crapauds et les nombreux insectes pour le concert du
soir. Il y a aussi ceux que l’on a plus de mal à accepter : les serpents
et les scorpions. Nous avons quelques animaux de compagnie de ce type dans
notre villa : des serpents d’eau inoffensifs qui ont élu domicile dans le couloir
d’eau qui entoure la maison. Après quelques réticences, nous les avons adoptés,
chacun restant à sa place. Mais nous avons aussi dans le jardin des
scorpions. Il a fallu une journée
de pluie pour nous en rendre compte, et voir débouler sur notre terrasse (pourtant
entourée d’eau) un des plus beaux spécimens, d’environ 20 cm de long !
Adrien s’est retrouvé nez à nez avec lui : ça impressionne, c’est
sûr !! Après renseignements, ces plus gros spécimens font mal, mais ne
sont pas les plus dangereux. Ce sont les petits dont il faut se méfier le plus.
Mais tout ça n’empêche personne de vivre.
Cette impression de
liberté ne serait-elle pas due à l’absence de peur ? Les peurs multiples
et variées qui nous figent, nous empêchent de vivre… derrière lesquelles nous
nous cachons, nous nous excusons.
Devenir Aurovilien
c’est assumer sa liberté : liberté d’agir, de créer d’après ses propres
convictions intérieures, et d’aller, pleinement responsable de ses actes.
Toutes les vilaines bebêtes de ce monde ne sont pas plus effrayantes que cette
grande liberté !
Mais n’allez pas
croire d’après le tableau que je viens de vous dresser, que ce lieu est un
paradis… On aimerait, mais l’homme reste encore l’homme, malgré tous les
efforts que ce groupe d’individus réalise au quotidien. Les problèmes sont
présents comme ailleurs. La différence ? Tous tentent d’agir en pleine
conscience, avec en arrière plan, la pensée du maître, Sri Aurobindo, et de sa
compagne Mère, que ça plaise ou non… Ils sont omniprésents en tous lieux.
Et quoi de neuf ces
derniers temps ?
Question transport,
indéniablement, il fait chaud, et chevaucher son vélo pour une demi-heure -
trois quart d’heure (le temps de rejoindre le centre d’Auroville) demande une
dose de courage… Pour ma part, après avoir explosé un pneu, déraillé plusieurs
fois, j’ai fini par craquer et troquer mon vélo contre une mobilette.
Adrien, par contre, a
enfin pu avoir un vélo à sa taille. Il gagne en liberté pour foncer sur les
chemins !
Pour les plus longs
trajets à quatre (aller-retour à Pondicherry) et les sauvetages de pannes de vélo,
nous avons en poche le téléphone de Kumar, touk-touk très serviable.
Nos découvertes ont
été pour l’instant :
- La toute jeune
communauté de Sadhana Forest, installé aussi un peu à l’écart. Cette communauté
a pour activité moteur la plantation d’arbre pour continuer le reboisement.
Vivant en réduisant au maximum ses besoins en eau et en électricité, elle se
rempli régulièrement en saison des pluies de nombreux volontaires (jusqu’à 200)
qui souhaitent se joindre à l’expérience. Le lieu est ouvert à tous et une
grande hutte permet d’accueillir des groupes, de faire des conférences, des
projections,… Nous avons adoré ce lieu, les huttes ahérées et l’énergie que les
jeunes y mettent.
- Le Visitor Center,
passage obligé pour comprendre où l’on met les pieds avec une salle explicative
sur Auroville et une autre sur le Matrimandir, mais aussi pour manger, voir un
film (selon la programmation) ou trouver des informations pour les
« guest » et des souvenirs (boutiques distribuant des produits d’Auroville).
- La Solar Kitchen qui
comme son nom l’indique est une grande cuisine communautaire qui sert des plats
cuits à l’énergie solaire. On y trouve aussi le cyber-café et un bureau
d’informations.
- La piscine
d’Auroville où les enfants se font des copains - copines,
- La plage et le restaurant de Repos, où nous avons testé notre cerf-volant-bateau ramené de Bali...
- Pithanga, avec ses
cours de yoga, un superbe concert de jeunes chanteurs Auroviliens, son banian
et ses belles maisons.
- Last school, école
maintenant en vacances et aussi guest house, où nous avons été convié une
après-midi pour discuter et rencontrer des enfants.
- Bien sûr, nous
n’avons pas résister à nous inscrire à la bibliothèque de l’Alliance française
de Pondicherry, histoire de fournir de nouvelles lectures aux enfants.
Le quotidien pour moi
se met en place, avec un lieu pour continuer mes essais de teinture, et voir et
échanger avec les teinturiers d’Auroville de la société Colours of Nature… On
se regarde travailler mutuellement, on compare et on apprend ! Suite au
prochain épisode…