Petit historique préalable :
La
région de Kyoto est riche d’une très ancienne tradition de tisserands qui
remonte au XIème siècle.
La
ville de Kyoto finance en 1872 la formation de deux tisserands en France. Ils
reviennent avec la technologie du métier Jacquard et renouvellent l’industrie
du tissage dans la région de Kyoto.
Maître
Yamaguchi est un descendant de ces familles de tisserands. Après des dixaines
d’années de travail, il décide de se consacrer, à l’age de 70 ans, à l’œuvre de
sa vie : la reproduction du fameux livre japonais « le Dit du
Genji » datant du XIème siècle et retraçant la vie de la cours à l’époque
Heian. Il mourut en 2007, à l’age de 105 ans, son œuvre « presque »
achevée. C’est son fils qui la terminera.
L’exposition
de Guimet « Au fil du Dit du Genji – hommage à Maître
Yamaguchi », vue en janvier dernier en coup de vent a déclenché mon
intérêt, et ouvert des portes…
Ainsi,
de passage à Kyoto, nous avons la chance de rencontrer le fils de Maître
Yamaguchi, M. Nonaka.
En
introduction à l’œuvre de son père, nous visitons l’atelier de tissage. De
nombreux métiers Jacquard remplissent la salle. Ils sont programmés par
informatique, mais le tissage se fait à la main.
Un
seul des métiers est conçu pour tisser le chef d’œuvre. Sa particularité est le
mélange de la technologie Jacquard à la technologie chinoise d’emploi de
plusieurs chaînes (5 dans notre cas). Nous arrivons ainsi à 135 fils au
cm !! Le tout est contrôlé avec un petit PC. Le tissage reste toujours
manuel.
Les
matériaux employés sont la soie et les lamelles de papier dorées ou
argentées : la tradition japonaise. Les créations sont multiples et
infinies, toujours en petites largeurs car l’atelier produit pour le costume
traditionnel japonais : kimonos, costumes de théâtre Nho. La programmation
informatique gagne du temps dans la préparation du métier : plus de rubans
de cartes perforées. Mais le temps de tissage manuel reste le même.
Après
cette visite instructive, nous avons la chance de voir de près un des rouleaux,
et en même temps, un exemplaire papier du livre, une copie du XIXème siècle.
Nous
n’avons plus qu’à être éblouis par ce que nous avons sous les yeux, attentifs
aux commentaires de M. Nonaka, aux détails techniques, aux solutions adoptées
par Maître Yamaguchi pour rendre sa copie encore plus réelle que les estampes
sur papier :
Comment
réaliser une œuvre avec des reflets d’argent sans que ceux-ci s’oxydent dans le
temps ? Maître Yamaguchi avait le désir que son œuvre soit aussi belle
aujourd’hui que dans les centaines prochaines années… La solution est le
remplacement de l’argent par du platine. Une nouvelle technique a été employée
pour réaliser des feuilles de platine aussi fines et maniables que les feuilles
d’argent.
Comment
rendre l’aspect brillant des meubles laqués ? En employant des bandelettes
de papier laqué ! Et les incrustations de nacre ? Idem, des
bandelettes de papier nacrés de fines plaques de nacre naturelle.
Mais
comment rendre le subtile de la transparence des kimonos d’été ? Par le
tissage d’une double étoffe en surface si fine et légère que l’on voit le motif
en transparence du kimono du dessous…
Pfff…
Incroyable boulot dont vous ne pourrez pas voir les détails sur ces simples photos ! Je vais en rêver plusieurs nuits…
Les photos de cette journée.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.