Le 13 février :
Nous rompons un peu avec les textiles et nous nous laissons guider par
Alice… Depuis le temps qu’on entend parler du Musée du Manga, il est
aujourd’hui temps d’y aller.
Ce petit musée est installé dans une ancienne école, et à côté des mangas,
les souvenirs de petits écoliers japonais ont leur place : de jolis livres
pleins de belles illustrations (c’est important pour nous, puisqu’il n’y a pas
l’écriture pour nous séduire…) appartenant autrefois aux élèves de
l’école ; entourent les photos des 25 principales.
Au 2° étage, une grande salle de mangas « kodomo » et
autres livres pour les petits occupe une ancienne salle de classe.
L’exposition des « 100 maikos » décore les couloirs, 100 femmes
en vêtements traditionnels dessinées façon manga, par 100 mangakas différents.
Mais le lieu est surtout une immense bibliothèque spécialisée dans le style
avec environ 50 000 ouvrages… en japonais, bien sûr ! Nous sommes un peu
déroutés car tous ces hiraganas, kataganas et kanjis ne sont pour nous qu’une
succession de signes (enfin presque)… En ouvrant les livres, on remarque quand
même que les kanjis sont en « voie de disparition » ; ils sont
tous annotés avec des hiraganas, ce qui facilite la lecture. « Les
enfants ont du mal à apprendre les kanjis », nous expliquera plus tard
Mme. Takada (voir au 17 février).
Ouff, un petit rayon en langues étrangères existe tout de même ! Nous
restons à parcourir le musée un certain temps, à lire les quelques mangas en
français, et surtout à nous faire tirer le portrait façon manga.
Nous rentrons tranquillement à l’auberge travailler un peu.
Le 14 février :
Nous quittons l’auberge le matin avec nos deux petits sacs à dos, car ce
soir, nous sommes accueillis par des hôtes Servas, dans la banlieue de Kyoto.
Le matin, nous visitons le temple Ninna-ji. Il fut construit par le 59ème
empereur, Uda, au IXème siècle. Il fut d’abord la résidence impériale Omuro.
Puis fut considéré comme temple bouddhiste, avec à sa tête un prince impérial.
Le temple fut complètement détruit au XVème siècle par un incendie, puis
reconstruit au XVIIème siècle. Ce lieu recèle quelques trésors d’œuvres d’art
(sculptures, peintures, calligraphie, laques et céramiques), mais aussi un
magnifique jardin. Nous ne sommes malheureusement pas à la bonne saison pour
admirer les cerisiers en fleurs…
Après avoir mangé, nous partons voir les jardins du palais impérial. Manque
de chance, ils sont fermés, ou plus exactement, ils ne se visitent que sur
réservation… On tentera une autre fois.
Nous nous dirigeons alors vers le Nishinjin textile center : il y a
Nishinjin, et textile dans le nom, il faut bien que j’y mette mon nez !
Le lieu ressemble à une galerie commerciale avec des tas de stands de
démonstration illustrant un grand nombre de techniques de création textile
japonaises. Cela va des vers à soie (un vrai petit élevage vivant nourri
de feuilles de murier agglomérées en plaquettes, genre « soleil
vert » !), au tissage sur métiers simples et métiers Jacquard (sans
informatique), en passant par des teintures (garanties de synthèse), de l’ikat
et des shiboris. Tout ça est assez didactique. Mais le commerce de petits
souvenirs textiles (et plastique !) de plus ou moins bon goût gâchent un
peu tout. Heureusement, nous avons droit, pour le plaisir des yeux à un défilé
de jolies petites japonaises en kimonos traditionnels – sourires mignons et
gestes retenus de la bonne éducation niponne. Nous sommes bien loin du monde
« fashion » de la haute couture !
Il est temps pour nous de prendre le train pour Katata, à 25 minutes de
Kyoto, où nous attendent Tadashi et sa femme, Akemi. Tadashi est aujourd’hui à
la retraite et est membre de Servas depuis de nombreuses années. Il semble très
actif. Nous avons eu de simples échanges de mail en anglais, et ce soir, il
nous faut parler de vive voix… Mais l’anglais de Tadashi est assez sommaire, et
quand il n’arrive pas à trouver les mots en anglais, il finit sa phrase en
japonais... Pourquoi pas finalement ? On arrive tout de même à se
comprendre avec quelques gestes et schémas en plus…
Les photos du Nishinjin textile center
L’objectif de la soirée : manger. Tadashi veut nous amener dans un bar
à sushi (on n’avait pas encore essayé ça) que nous mettons un peu de temps à
trouver car les lieux sont combles ce jour et les japonais n’aiment pas
attendre. Nous traversons donc Katata de long en large, avec la surprise de se
trouver sur un pont musical. Oui, oui, un pont qui joue de la musique lorsque
l’on roule dessus, un truc qui ressemble à une marseillaise japonaise… C’est
dommage, ça ne fonctionne que dans un sens. Nous passons devant une quantité de
« pachinkos », lieux terribles où les japonais passent leur ennui à
jouer leur argent dans des machines à sous… Un fléau de ce pays !
Nous trouvons enfin un bar à sushi qui n'est pas bondé. Et pour la joie
des enfants nous expérimentons ce système où les petits plats passent sur un
tapis roulant devant notre table et le client se sert ce qui lui convient. Un
truc amusant à faire une fois.
Nous rentrons finir la soirée chez Tadashi, accueillis en fanfare par son
petit chien, Roy. La première chose que le couple fait, est de remplir la
baignoire et nous faire quelques explications sur leur salle de bain. Il s’agit
bien sûr d’un bain à la japonaise : eau brûlante pour se relaxer, pas pour
se laver, vue que tout le monde s’y trempe ! En fait, le standing des
japonais ne se voit pas sur le confort et l’aménagement intérieur (les maisons
ne sont pas chauffées et le décors est simple), mais bien sur la salle de bain
et les toilettes haute technologie, et pour le coup, hyper chauffés. Avec tout
ces boutons, on ne sait pas où est celui pour tirer la chasse d’eau… Mais en
fait c’est automatique !
Après un bon bain, nous prenons le temps de se montrer des photos, plein de
photos, et de programmer les prochains jours.
Nous dormons comme des bébés sur des futons à même le sol, et sous des
couettes bien douillettes.
Le 15 février :
La journée commence par un petit déjeuner princier, le meilleur que tous
ceux que l’on a eu depuis notre départ ! Akemi ne fait pas les choses à
moitié !
Nous mettons ensuite le nez dehors : bouh, il fait froid et il pleut
des cordes… ne pas se décourager, Tadashi est d’attaque pour nous amener voir
ses coins favoris.
Nous commençons par un très joli temple zen (vu la veille en photo sous
tous les angles et sous le soleil !) : le temple d’Ukimido, situé à
Murasakino, sur le lac Biwa. Ce dernier fut construit au Xème siècle. 1000
petits Bouddhas veillent sur les voyageurs du lac et prient pour le salut de
l’espèce humaine… Un très joli point de vue.
Puis, à une demi-heure de route, nous gravissons le chemin qui nous mène au
temple Sanzen-in. Malgré le mauvais temps qui dure, nous apprécions les petites
ruelles commerçantes, désertes ce jour-là, qui montent vers l’entrée du temple.
La pluie se calme et finit par cesser. Le lieu est vraiment très beau, avec
de l’espace, de beaux bâtiments, un beau jardin vallonné et très peu de
touristes ! Mais l’image qui nous reste en tête est celle de ces petits
Bouddhas surgit du sol mousseux, portant sur leur visage le bonheur et la
sérénité. On aimerait les emmener avec nous ! Kawaii !
Tadashi nous dépose à Kyoto, près du Temple Ginkaku-ji, et dans le haut du
chemin de la philosophie. Nous mangeons assis sur des tatamis avant de visiter
le temple.
Le Ginkaku-ji est appelé aussi pavillon d’argent. Construit au XIVème
siècle, le pavillon ne fut jamais recouvert d’argent, faute de moyens, la
guerre ayant ruiné le pays. Et nous ne le verrons d’ailleurs pas, il est en
restauration et partiellement démonté… Le jardin est incroyable. Des étendues
de petits gravillons sont soigneusement passées au râteau, et un cône étrange
surgit même du sol. On ose à peine traîner des pieds sur les chemins
balisés !
Nous tentons quelques mètres à la sortie du temple sur le chemin de la
philosophie, mais le temps est froid, et le chemin peu engageant en cette
saison. On remet la philosophie à un autre jour !
Nous rentrons à Takaka et retrouvons Tadashi, Akemi et Roy. Ce soir, nous
préparons des Tonkatsu maison, avec une bonne soupe de légume et du riz.
Les photos de la journée avec Tadashi
Le 16 février :
Nous quittons la maison de Tadashi, ravis de nos deux jours et vraiment
reconnaissants envers nos hôtes qui se sont pliés en 4 pour nous accueillir.
Nous arrivons sur Kyoto pour le déjeuner, et après s’être restauré nous
allons visiter un tout petit musée, le Musée du costume, situé au 5ème
étage d’un immeuble moderne. Ce petit musée contient une reproduction en
miniature de la vie de la cours à la période Heian (VIII-XIIème siècle), basée
sur le fameux livre « le Dit du Ganji » (encore !).
Une partie du palais impérial de printemps est reconstitué, et des petites
poupées habillées en costume d’époque sont disposées en action. Cette maquette
est vraiment très bien réussie ! Les décors et les costumes sont
renouvelés deux fois par an, et la gardienne des lieux est d’ailleurs au
travail, réalisant des petites fleurs de cerisier miniature dans ses temps
morts (c’est le début du printemps). Une pièce est réservée pour ceux qui
veulent se déguiser et se faire prendre en photo. On ne résiste pas !
Les photos du Musée du costume
Nous nous posons en fin d’après-midi pour une bonne petite séance de CNED.
Le 17 février :
Nous avons un rendez-vous matinal avec Mme Takada, « day host »
de Servas. Après un moment au chaud devant une tasse de thé et un café pour
faire connaissance et établir notre programme du jour, nous faisons une petite
visite au Tezuka Osamu Museum, pour le plaisir des enfants.
Tezuka est un dessinateur de manga des années 1960. Mais certainement vous
connaissez son personnage fétiche : Astro boy, ici appelé Iron boy ou
Atomu, petit robot aux mèches noires rebelles. Il a aussi créé Léo, le lion
blanc, dont Walt Disney s’est « inspiré » pour dessiner le Roi Lion,
entre autres…
En fait, le musée se limite à une petite salle de lecture et à une salle de
projection où nous voyons un court-métrage, épisode d’Astro boy en japonais,
avec un petit résumé en anglais. Mais le clou du musée est la boutique, avec
tous les produits dérivés du petit robot, bien sûr !! Nous trouvons le
premier « purika » dans cette boutique et les enfants se font faire
des portraits souvenirs sur mini auto-collants.
Nous visitons ensuite, grâce à Takada, un lieu plein de charme : la
maison musée de Kawaï Kanjiro, artiste céramiste, sculpteur et graveur sur bois
et écrivain du XXème siècle. Sa maison est une authentique maison de bois
japonaise, remodelées selon les plans de l’artiste. On parcours son lieu de
vie, mais aussi son atelier, et le plus impressionnant, son grand four à
céramique. Ce dernier mettait une journée entière à chauffer pour atteindre des
températures de 1600 °C. La contenance totale des diverses chambres est
impressionnante et une cuisson se déroulait sur 3 jours, utilisant une quantité
incroyable de bois.
Puis nous partons en direction du palais impérial pour effectuer la visite
des jardins que nous n’avions pas pu voir la dernière fois. Il faut en fait
s’inscrire pour la visite guidée en anglais, avant 14 heures, en montrant patte
blanche avec dépôt des numéros de passeport. Takada nous aide bien en nous
aiguiller dans ces petites démarches, à trouver le lieu d’inscription à l’écart
du parc. Nous avons juste le temps de manger un bol de pâtes soba avant l’heure
du rendez-vous pour la visite.
Cette dernière commence par un petit film présentant les divers bâtiments,
l’histoire du lieu, et se poursuit par un parcours dans les jardins en
« troupeaux » de touristes. En effet, il y a du monde. Notre guide
nous fait la visite avec un masque… (Ces masques : sont-ils vraiment
utiles ? Cet excès d’hygiénisme finit par être exaspérant !) Vraiment
tout ce qu’il faut pour ne pas capter grand chose. Bref, nous sommes un peu
déçus car nous n’avons pas vu grand chose à cause de la foule et du vigile qui
surveille les visiteurs qui traînent : il faut rester groupé !! Takada
nous dit que nous avons de la chance cas en saison haute, c’est encore pire…
Bref, on ne voit pas trop l’intérêt de visiter ce lieu.
Nous remercions Takada pour cette journée et après quelques courses
alimentaires nous filons nous réchauffer dans les bains chauds de notre auberge…
Le 18 février :
Nous prévoyons une seule visite aujourd’hui : le Nijo castle, en
compagnie de Mme Takada. Construit au début du XVIIème siècle, ce château était
la résidence officielle du premier Shogun Tokugawa, Ieyasu. C’est un des plus
beaux exemples de construction et de décor intérieur de la période Edo.
Contrairement au palais impérial, nous pouvons visiter l’intérieur après avoir
ôté nos chaussures et enfilé des mules. Dès les premiers pas dans le château
nous sommes surpris par une multitude de petits grincements semblables à des
cris d’oiseaux. Ce phénomène est dû au planché de bois construit pour prévenir
les gens du château de la présence de quelqu’un. Les pièces sont superbement
décorées de peintures murales sur des parois coulissantes. Certaines pièces
sont mises en scène avec des personnages de cire revêtus de magnifiques
kimonos, montrant l’atmosphère extrêmement hiérarchisée à la cour du Shogun.
Après l’intérieur du château, nous pouvons librement nous promener dans les
jardins. Nous y avons vu les jardiniers au travail : un spectacle
impressionnant de les voir grimper en haut de leurs échelles de bambou, et
tailler avec soin les branches et brindilles. Ces jardins rappellent une nature
sauvage, mais sont en fait totalement artificiels et demandent un travail
d’entretien de titan et d’une grande précision. Les palmiers ont leur tenue
d’hiver : des manteaux de tiges de riz à plusieurs volants.
Cette visite est une de celles qui nous a le plus plut.
Takada nous amène ensuite dans une boutique de bricolage à la japonaise
pour acheter de beaux papiers. Je
rentre avec les enfants travailler à l’auberge après avoir grandement
remercié notre « day host » de Servas. Hervé, de son côté va faire un
tour dans le quartier de Gion, un peu la « place du tertre » de
Kyoto, bourré de touristes…
Le 19 février :
Départ pour Nara.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.