Le 8 août :
Nous partons pour
un circuit de deux jours sur le lac Titicaca avec guide particulier francophone
(Rebeca).
Le trajet en
bateau vers les îles flottantes des indiens Uros (hommes du lac) permet à
Rebeca de nous apprendre bien des choses sur le lac et sur ce que nous allons
voir durant ces deux jours.
Le lac Titicaca
est le plus grand du monde à cette altitude. Il est mi-péruvien et mi-bolivien. Il est divisé en trois
parties : un petit bassin (el Puño), là où nous embarquons, un grand
bassin (el Titikaka : titi = puma / kaka = pierre grise), et un autre
petit bassin (el Huiñawarca, en forme de lapin).
Rebeca nous parle
d’un phénomène étrange, que nous avons du mal à comprendre : là où nous
embarquons, le lac est à 3800 mètres d’altitude, et à l’embouchure du grand
lac, l’altitude s’élève à 3810 mètres… Qui pourrait nous expliquer ça ?
Les bateaux ont ainsi plus de mal à franchir cette embouchure dans un sens que
dans l’autre.
Les profondeurs du
lac varient entre 28 mètres et 280. Une légende relate qu’un trésor inca serait
enfoui quelque part dans ces eaux. Des fouilles ont eu lieu, mais rien n’a
encore été trouvé. Adrien lit et relit en rêvant cette histoire présente dans
le Guide du Routard.
Le climat est
rude. Nous sommes ici en hiver, saison sèche. Les températures peuvent varier
énormément entre le jour et la nuit, surtout s’il fait grand beau, le soleil
tape fort ! Le vent peut se lever et rafraîchir l’atmosphère. Aujourd’hui,
c’est le cas. Le ciel est un peu nuageux et le vent souffle. Nous avons superposé
tous nos pulls !! Malgré le froid, la neige est très rare ici. C’est un
phénomène anecdotique qui survient environ tous les 10 ans.
En été (hiver dans
l’hémisphère nord), c’est la saison des pluies, ce n’est pas forcément mieux.
El Niño (tornade) revient de façon cyclique tous les 6/10 ans et fait de
nombreux ravages.
En quittant Puno
les côtes sont envahies de roseaux. Plante aux multiples fonctions.
Après deux heures
de navigation, nous abordons une petite île flottante des indiens Uros. Sur le
lac, environ 80 îles comme celle-ci pour une population d’environ 2000
personnes. Chaque île abrite plusieurs familles. Nous avons choisi avec Rebeca
d’en visiter une petite et plus à l’écart des touristes, donc plus
authentique : l’île Titino où 4 familles de pêcheurs habitent. Ils nous
expliquent, échantillons à l’appuis, comment est construite leur île :
La base est formée
de blocs de racines de roseaux d’environ 1 mètre de hauteur. Plusieurs blocs
sont assemblés côte à côte jusqu’à fournir la surface nécessaire aux futurs
habitants. D’abord reliés entre eux par des cordes, les blocs de racine de
roseaux finissent par s’imbriquer naturellement. Cette surface flottante est
ensuite recouverte de plusieurs couches de roseaux, jusqu’à environ 80 cm de
hauteur. Voilà l’île est créée. Il ne reste plus qu’à construire des huttes en
roseaux, de les meubler de matelas en roseaux, de bancs en roseaux… ça sent bon
le roseau à l’intérieur des habitations ! Plusieurs épaisseurs de
couvertures sont indispensables pour se protéger du froid la nuit. Ces
dernières sont confectionnées à partir de vêtements usagés assemblés en
plusieurs couches et matelassés. Certaines îles proches de Puno ont eu la
chance d’être aménagées de panneaux solaires permettant de s’éclairer sans danger
et de faire fonctionner quelques petits appareils. L’île de Titino n’a pas
cette chance et l’achat de ce matériel est excessivement cher (de 500 à 1000
$US). Ils s’éclairent donc à la bougie, avec tous les risque d’incendie qui
vont avec. La cuisine est sommaire : une pierre plate est installée dans
le sol sur lequel est posé un petit fourneau en céramique. C’est tout. Chaque
famille a sa hutte, sa petite cuisine.
Il est possible
d’avoir un petit jardin potager sur ces îles. Les habitants plantent dans la
partie de racines de roseaux et peuvent avoir quelques kilos de patates par an.
Cela ne suffit pas à se nourrir. Pour vivre, ils vont sur la côte troquer une
quantité de poisson pour une même quantité de céréales ou légumes. Ils chassent
aussi quelques oiseaux du lac pour la viande.
Les îles sont
mobiles et lorsque le lieu ne convient plus aux habitants (trop de vent,
voisinage agaçant), ils ôtent les pieux et cordages qui la maintiennent en
place et les déplacent où bon leur semble.
Chaque île est une
petite organisation sociale où un chef est désigné. En cas de conflit
impossible à résoudre, la solution ultime existe : scier un bout de l’île
pour une séparation définitive !
Les enfants vont à
l’école. Mais cette dernière est située assez loin et il leur faut entre 1
heure et demi et 2 heures de trajet en barque à rame matin ET soir !! Un
système de ramassage scolaire est mis en place, faisant le tour de toutes les
îles. L’accent est mis sur les langues étrangères (à cause du tourisme) et les
petits que nous rencontrons parlent tous espagnol (leur langue natale est
l’Aymara), quelques mots d’anglais et aussi de français !
Avant de repartir,
nous faisons un tour dans leur embarcation traditionnelle en roseaux. Elle se
manie en douceur à l’aide d’une longue perche.
Nous sommes
curieux et demandons au « percheman » quelques détails sur la
construction de ces bateaux : Il faut environ 1 mois à 8 personnes pour en
construire une, supervisés par un maître qui dirige les travaux. Anciennement,
les barques étaient faites exclusivement de roseaux amarrés par des ficelles.
Elles avaient une durée de vie assez courte de 4 à 6 mois, le roseau
s’effritant petit à petit. Aujourd’hui, elles ont le même aspect, mais une
structure différente : environ 2000 bouteilles (recyclage) sont assemblées
comme structure interne. Le reste est identique, mais ce détail permet
d’augmenter leur durée de vie à 1 an / 1 an et demi.
Nous quittons
l’île Titino avec un au revoir traditionnel en Aymara.
Les photos de Titino ici.
Après une heure
supplémentaire de navigation, nous parvenons sur la péninsule de Capachuca.
Nous déjeunons et passerons la nuit dans la commune de San Piedro, à quelques
km de Llachon, dans la famille de Richard Humberto Cahui Flores qui tient un
des gîtes de la coopérative touristique du lieu.
L’endroit est
vraiment charmant, tout en étant très sommaire. Nous nous installons dans deux
chambres aménagées dans des maisons en pisé. Le sol est en parquet brut
d’eucalyptus, le toit en chaume de roseaux. Il y a un éclairage électrique et des toilettes au fond de la cours. Pas d’eau chaude, pas de douche, pas chauffage,… mais un
très bon accueil. Nous partageons un très bon repas en compagnie d’Alexander,
le fils de la maison (6 ans). Alexander, comme tous les habitants d’ici, porte
des sandales aux pieds. Voyant les chaussures d’Adrien, il réclame à sa maman
des chaussures. Pourquoi lui n’en a pas ???
Durant le
déjeuner, nous apprenons un peu sur l’activité première de Richard : il
s’occupe de vendre le bois d’Eucalyptus. L’activité de gîte arrive en
complément de revenu.
Après le repas,
nous prenons un moment pour nous reposer avant de monter pour une petite
promenade jusqu’à la place du village.
Au retour,
Alexander invite Adrien et Alice à une grande partie de cerf-volant. Le vent
est au rendez-vous et ça vole bien !! Pendant ce temps, nous aidons à
l’ecossage des fêves… et goûtons un peu de la vie ici. Nous sommes tous ravis.
Cependant, il fait bien froid en soirée. Le vent fort a dû faire baisser la
température à 5°C…
Nous prenons le
dîner dans la famille et ne tardons pas à aller nous coucher, chacun accompagné
d’une petite bouillotte à mettre au fond du lit.
Les photos du jour à San Pedro ici.
Le 9 août :
Lever à 7 heures
du matin… Il faut du courage pour se sortir des couvertures bien
chaudes !!! Heureusement aujourd’hui le temps est au grand beau et la
température extérieure va monter progressivement.
Pour le petit
déjeuner, nous nous préparons un petit festin. C’est la révolution dans la
cuisine !!! La maîtresse de maison nous confectionne de bonnes crèpes,
tandis que nous préparons des bananes au caramel avec le bon kilo que nous
avons acheté au marché avant de partir. Richard, lui, s’essaye à la cuisson de
petits beignets… c’est un peu brûlé, mais ça met de l’animation ! ça
faisait un moment que les enfants n’avaient pas pris un aussi bon petit
déjeuner !!! Le tout avec une tisane bien chaude : maté de coca ou
camomille…
Nous partons
ensuite poser le filet de pêche en compagnie d’Alex avant de se dire au revoir
et de filer dans notre bateau pour l’île de Taquille (1 heure de navigation).
Taquille est une
petite île d’environ 2000 habitants. La langue parlée est le Quechua. Ils
vivent actuellement à 40 % de l’agriculture (fêves, maïs, pommes de terre…) et
60 % du tourisme, avec une grande tradition textile chargée de symbolisme et
portée au quotidien, mais aussi dirigée vers le commerce. Rebeca nous explique
un peu de ce langage au cours de notre promenade.
Sur ce lien quelques notes prise à la volée.
Nous faisons la
visite en prenant le petit chemin. Le chemin classique monte abrupte jusqu’au
sommet (l’île est une petite montagne au milieu du lac) pour une vue
magnifique, et redescend par un escalier interminable… en tout 1h15. Nous
choisissons l’autre option : une montée plus douce et rapide jusqu’à la
place du village. Ce sera bien suffisant à 3800 mètres d’altitude.
Nous mangeons sur
place, dans une des nombreuses familles accueillant les touristes pour
déjeuner : soupe au quinoa et aux légumes et poisson grillé.
Nous rentrons
ensuite tranquillement à Puno (3 heures de traversée) sous un ciel merveilleux.
Les photos de cette journée ici.
Le soir, nous retrouvons nos amis voyageurs toulousains pour partager nos impressions… et rencontrer d'autres voyageurs en tour du monde (Mehdi et Marie)... C'est une épidémie !!
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