Nous sommes au Mali, et outre l’indigo, il y a aussi cette technique de décors textiles : le bogolan. En voici quelques mots d’explication :
Le terme « bogolan » vient du Bamanankan, bogo (argile) et lan (teint) : textile teint à l’argile.
Le « bogolan » est considéré comme un bassilan (teinture à vertu thérapeutique). Les produits utilisés ont des vertus médicinales (plantes et argile).
La symbolique graphique est toute aussi importante. Dans la tradition africaine, peuple dit sans écriture, le signe a une importance capitale. Le savoir est véhiculé par les symboles et les rites d’initiation sont importants pour apprendre à les décoder.
Dans la tradition bambara, on dit que le signe existait bien avant les choses qu’il symbolise.
Le signe guérit, mais peut aussi faire du mal.
Le vêtement, par son graphisme, véhicule un message.
La confection des bogolans était traditionnellement réservée à la femme du forgeron. Cette dernière était la potière car elle avait la maîtrise du feu. Par son rapport à la terre, c’est aussi elle qui réalisait les décors des textiles bogolans.
La technique :
Les bogolans sont traditionnellement réalisés sur des textiles faits de l’assemblage de bandes de toiles de coton blanc de petites largeurs (finimougou). C’est un coton 100% africain, filé main par quelques rares expertes, et tissé main.
Le processus se base sur la réaction chimique entre le tanin issu d’une plante et l’oxyde de fer contenu dans la boue qui va donner la couleur noire.
La teinture :
La teinture est réalisée avec une décoction de plante à tanin. Ici, le ngalama (plante d’Afrique de l’Ouest), est utilisée. D’autres plantes peuvent aussi servir selon la région ou pour d’autres nuances, l’important est qu’elles aient une forte teneur en tanin.
Les feuilles sèches sont bouillies 1 à 2 heures. Le jus obtenu est alors filtré et rallongé d’eau pour obtenir un volume de bain convenable.
Les tissus désaprêtés (lavés pour enlever leurs apprêts) et humides sont plongés dans cette décoction. Selon la nuance désirée, ils peuvent y rester plus ou moins longtemps, mais une minute suffit, juste le temps que le tissu soit bien imprégné.
Le tissu est ensuite bien essoré et mis à sécher de préférence au soleil car la lumière révèle cette teinture.
L’application du décor :
Le dessin est exécuté avec une boue ferrugineuse extraite du fond du fleuve Niger. Sa riche teneur en fer en fait la matière première indispensable pour l’élaboration des bogolans. Après récolte, elle est laissée à fermenter un certain temps afin de se charger encore plus en fer.
Les outils utilisés pour son application peuvent être divers selon la finesse du dessin que l’on souhaite. L’idéal est un outil suffisamment rigide pour bien faire pénétrer la boue dans les fibres (pas de pinceaux souples mais plutôt des brosses types pochoirs, baguettes de bois ou kalams).
L’argile doit sécher totalement avant d’être ôté par frottement, à sec. À ce moment, le noir est révélé sous la couche d’argile.
Très important : il faut se débrouiller pour qu’il reste le moins possible de poussière d’argile, pour que le textile ait un aspect propre.
Le lavage :
Le textile est ensuite lavé à l’eau froide et rincé de nombreuses fois jusqu’à ce que l’eau soit claire. Aucune trace d’argile ne doit rester.
La montée en intensité du noir :
La première application de boue a donné un premier noir. Pour monter ce dernier en intensité, il est nécessaire de répéter ces trois opérations (teinture, application de boue, lavage) plusieurs fois (3 ou 4 fois selon le textile utilisé). On obtient alors un noir profond.
La couleur obtenue est solide et le bogolan peut être lavé à l’eau et au savon de Marseille.
Cette technique est très simple à réaliser avec des enfants… Alice et Adrien adorent ! Et moi, je mets en chantier une nouvelle pièce, sur fond rouge qui attend depuis un moment.
Et pour en savoir plus :
DUPONCHEL Pauline ; Textiles bogolan du Mali. Musée d’ethnographie, Neuchâtel, Suisse 2004.
bonsoir je suis une jeune camerounaise exerçant dans la teinture j'aimerais en savoir plus sur le type de plantes pour le bogolans plus précisemant le nom de plantes écrivez moi à [email protected] merçi de votre bonne comprehension
Rédigé par : kengne christine | 09 novembre 2010 à 19:56