Le kesa est le corps du Bouddha,
Le kesa est l’esprit du Bouddha,
Le vêtement du Bouddha,
Le vêtement du sans-forme, de l’infini,
Le vêtement de la patience,
Le vêtement de la grande compassion,
Le vêtement de la victoire,
…
Il y a huit ans, je me plongeais dans l’étude des vêtements portés par les moines bouddhistes. J’ai alors beaucoup voyagé dans les livres, me penchant sur cette religion ou philosophie, ses symboles, son histoire et sa diffusion à travers le Tibet, puis la Mongolie… Mon voyage s’est arrêté là, sur les traces des objets qui m’étaient confiés.
Aujourd’hui, doucement, mais certainement, la vie me pousse à continuer le voyage vers le Japon et la tradition du kesa dans le bouddhisme Zen, où son symbolisme, sa confection et son port sont un point crucial dans la pratique de ceux qui suivent la Voie.
...
Après avoir obtenu le satori sous l’arbre de la Bodhi, le Bouddha Shakyamuni ramassa de vieux linceuls, les lava, les teignit et les cousut ensemble. Il confectionna ainsi le premier kesa, qu’il revêtit.
Il est ainsi traditionnellement porté par ceux qui souhaitent suivre la Voie, les moines et nonnes.
Quelle que soit la secte bouddhique, l’on retrouve toujours les vêtements des moines exécutés à partir d’une multitude de morceaux de tissus (jamais de grande pièce). Au Japon (bouddhisme zen issu du bouddhisme mahayana), c’est le kesa. Sa transmission et sa fabrication sont très codifiées et font partie de l’enseignement oral, de maître à disciple.
Les tissus choisis pour la fabrication d’un kesa est illimité, mais ceux qui sont les plus estimés dans le bouddhisme zen (les funzô-e, robes balayant les excrétions) sont ceux qui sont fabriqués à partir de ce qu’il y a de plus sale, de pire, d’inutile...
Le mot kesa, en japonais, kashâya, en sanscrit (turbulence), fait référence à sa couleur (couleur cassée, couleur illimitée), à la teinture. C’est une des étapes importante de sa fabrication. Selon les sectes, cette dernière doit être primaire, secondaire ou tertiaire (le cas du Zen qui prône une couleur sombre, mélangée, dont on ne peut mesurer la limite).
Qui détient la vérité ?
Sa forme est rectangulaire et ses proportions sont très précises. Sa construction est toujours géométrique, formée de bandes verticales et de bandes horizontales assemblées minutieusement au point arrière.
Le kesa est transmis de maître à disciple matériellement lors de l’ordination. Mais sa transmission est aussi et surtout orale et fait intégralement partie de la pratique zen :
« Le kesa n’est pas un vêtement ordinaire. Il faut complètement se concentrer et croire dans le kesa, point après point. L’état d’esprit est le même que durant Zazen, hishihyo. Et en cousant le kesa, inconsciemment, naturellement, automatiquement, votre esprit est concentré. Même si vous n’êtes ni moine ni nonne, vous pouvez revêtir le kesa. Le kesa est le secret du zen mahayana. » (Taisen Deshimaru)
Elaboré avec une telle discipline et une telle concentration le kesa ne peut être que pur concentré d’énergie positive… Le revêtir est comme s’envelopper d’une prière infinie.
Mais faut-il pour autant y accrocher toutes sortes de superstitions ?
« Le kesa est une protection, une défense, une amulette, un talisman, le plus haut, le plus élevé de talismans : c’est le grand satori, le plus élevé de tous » (Dogen)
Des points de départ, avant d’aller vers la pratique :
Le livre du Kesa, traduit et commenté par Taisen Deshimaru. Ed. AZI, Paris, 1996.
Manteaux de nuages, kesa japonais XVIIIe-XIXe siècle. RMN, Paris, 1991.
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